Comme à chaque élection, toute l'équipe de lenodal.com se mobilise du 22 avril au 6 mai pour vous proposer un panorama des habillages de la présidentielle 2012. Tout au long des deux soirées du premier et du deuxième tour, vous pourrez découvrir en direct les vidéos des génériques, infographies et révélations des résultats de 20 heures (et pas avant !) des chaînes françaises.
En attendant le lancement, voici les premières images des dispositifs des principales chaînes que nous couvrirons.
TF1 :dès 18h45
Laurence Ferrari et Claire Chazal seront aux commandes de la soirée de la 1ère chaîne. Avec François Bachy (chef du service politique) et Édouard Lecerf (directeur général de TNS-Sofres), ils
donneront les différentes estimations et recueilleront les réactions des personnalités présentes en début d'émission en plateau.
Gilles Bouleau proposera aux téléspectateurs de découvrir l'ambiance de cette soirée au cœur de la chaîne. Jean-Pierre Pernaut, sera lui en direct de Louviers (Eure), une des villes dont les résultats sont généralement représentatifs au niveau national. Il donnera la parole à des Lovériens qui réagiront, commenteront les résultats de ce scrutin, et pourront s'adresser directement aux personnalités présentes en plateau à Boulogne-Billancourt.
Le plateau de cette émission spéciale sera celui des éditions d'information qui aura pour l'occasion été adapté, avec notamment un rajout au niveau des tables permettant d'accueillir plus d'invités.
France 2 : dès 18h50
Tout au long de la journée de dimanche, des flashs spéciaux seront présentés en direct par Marie Drucker : point sur la participation, vote des différents candidats et ambiance dans les QG. La rédaction de France 2 prend ensuite l'antenne dès 18h50 pour une soirée spéciale en direct présentée par Élise Lucet, David Pujadas, Laurent Delahousse, avec Fabien Namias (chef du service politique de France 2) et Brice Teinturier (directeur général délégué d'Ipsos France).
Le décor de la soirée, installé dans le studio Pierre Desgraupes de France Télévisions, s'inspire de celui de Des paroles et des actes dans la construction scénique rectangulaire et la table centrale. Il reproduit la cour de l’Élysée, avec un écran géant derrière les présentateurs qui diffusera les informations essentielles tout au long de la soirée. Innovation technologique : un ciel incrusté par informatique sur le plafond simulera un plateau en extérieur.
France 3 : à 19h30 et 22h20
Carole Gaessler et Francis Letellier animeront le 19/20 qui commencera à 19h30 et sera rallongé pour l'occasion. Après le film, le Soir 3 se prolongera jusqu'à très tard dans la soirée. Yannick Letranchant, directeur de la coordination des rédactions de France 2 et France 3, explique : "En plus des moyens déployés en régions, trois plateaux privatifs à Bourges, Toulouse et Strasbourg complèteront le dispositif et permettront d’aller à la rencontre des habitants et des représentants de la société civile."
Canal + :à 19h00
Michel Denisot et Anne-Sophie Lapix présenteront une émission spéciale en direct du plateau du Grand Journal, de 19h00 à 21h00. Outre les analyses des résultats, les personnalités de la chaîne seront envoyées en duplex dans les QG des candidats. Estimations : CSA - i>TELE - CANAL+.
M6 :
Présentation d'un 1945 spécial. Puis, dès 23h30, une édition spéciale présentée par Xavier de Moulins qui commentera à froid et sans langue de bois les résultats du premier tour, avec Éric Naullau et Éric Zemmour.
MAIS AUSSI : i>Télé : à partir de 19h00, soirée spéciale présentée par Olivier Galzi et Sonia Chironi, avec Jérôme Sainte-Marie (CSA) et Michaël Darmon. BFMTV : soirée spéciale présentée par Olivier Marshall, avec Ruth Elkrief, Olivier Mazerolle, et Anne Sinclair (Huffington Post). LCI : soirée spéciale présentée par Michel Field et Damien Hussenot, avec Frédéric Delpech (chef du service politiqe), et Emmanuel Rivière (TNS-Sofres). Dès 22h00 et toutes les demi-heures, récapitulatif de toutes les déclarations et résultats. LCP-AN Public Sénat : estimations et analyses dès 19h30 avec Michel Grossiord et Emilie Aubry.
Rendez-vous ce soir dès 18h30 sur lenodal.com pour découvrir en direct les habillages des différentes soirées.
Toute la soirée, découvrez en direct les habillages des chaînes pour le 1er tour de la présidentielle. Quelques instants après leur diffusion, nous vous proposons ici un panorama des génériques, infographies, et les révélations des résultats diffusées à 20h.
TF1 18h45 : Quelques minutes après France 2, TF1 dégaine à son tour sa soirée électorale. Première surprise : le générique tranche avec celui de 2007 : si la dynamique rock du sonore a été conservée, on note une orchestration plus solennelle avec un tempo plus lent. Visuellement, des faisceaux lumineux bleu blanc rouge balaient les paysages français plongés dans un coucher de soleil. Puis surgissent de la carte de France illuminée. La typographie, Helvetica Neue Inserat, est conservée pour les synthés de cette soirée.
Sur le plateau, dont la table comporte des rajouts gris (accueillant plus d'invités), une vue de Paris filmée depuis le dernier étage de la tour de Boulogne Billancourt est projetée derrière les animatrices Laurence Ferrari et Claire Chazal.
Dès les premières minutes de l'émission spéciale, les premières infographies, rouges vif, légèrement transparentes et décalées par rapport aux fonds rectangulaires blancs. La réalisation combine les incrustations à l'image (ici avec Claire Chazal) et des graphiques projetés sur l'écran du plateau (ici avec Laurence Ferrari).
20h00 : Le plan d'ensemble du plateau en louma plongé dans l'obscurité bleutée avec des rayonnements rouges permet d'afficher les résultats de ce premier tour. Pour les candidats ayant obtenu le moins de suffrages, un split screen laisse apparaître la tour de TF1 et son écran géant qui affiche le résultat des deux qualifiés.
France 2
18h35 : Début de la soirée électorale de France 2 et premier chiffre traditionnel, l'estimation de l'abstention. David Pujadas annonce une soirée placée sous le signe de la réactivité et du direct, avec de nombreux duplexs. Il présente surtout le dispositif pour l'apparition des résultats ; à 20h, une caméra virtuelle nous fera pénétrer dans la cour de l'Élysée et dévoilera les visages des deux qualifiés pour le second tour. À noter, l'apparition d'un ticker et une promotion appuyée pour le site francetv.fr/2012.
Le générique fait la part belle aux images des candidats, plaçant la soirée sous un angle peut-être plus humain que d'ordinaire.
19h15 : David Pujadas s'offre un petit "tour du propriétaire" et présente aux téléspectateurs la salle dédiée aux équipes de l'institut de sondage Ipsos (installée dans le studio B, d'ordinaire dédié à "Télématin"), avant de s'inviter quelques instants en régie... France 2 côté coulisses, donc, avec un petit côté vitrine technologique.
Le décor de la soirée, installé dans le studio Pierre Desgraupes de France Télévisions, s'inspire de celui de Des paroles et des actes dans la construction scénique rectangulaire et la table centrale. Il reproduit la cour de l’Élysée, avec un écran géant derrière les présentateurs qui diffusera les informations essentielles tout au long de la soirée. Innovation technologique : un ciel incrusté par informatique sur le plafond simule un plateau en extérieur.
20h00 : La caméra 3D de France 2 pénètre dans la cour de l'Élysée et révèle les visages de François Hollande et Nicolas Sarkozy, dans deux cartouches. Les autres résultats s’enchaînent rapidement pour passer au plus vite la main aux duplexs dans les QG des candidats.
23h00 : La soirée se poursuit sur France 2 : entre débats politiques (animés par Elise Lucet et David Pujadas) et débats entre personnalités issues de la société civile (animés par Laurent Delahousse), la chaîne présente son premier sondage sur les résultats du second tour et les éventuels reports de voix dont bénéficieraient Messieurs Hollande et Sarkozy.
Crédits // Agence : Fullscreen - Réalisation : Romain Gentilhomme - Musique : Jérôme Coulais - Direction artistique info France Télévisions : Arnaud Vincenti
France 3 : à 19h30 et 22h20
Sur France 3, l'édition du 19/20 a été rallongée. Le générique laisse apparaître le logo de la Présidentielle de France Télévisions avec l'écharpe tricolore sur fond de régie finale, avant de basculer vers le plateau légèrement modifié pour la soirée.
20h00 : Deux vignettes comportant les silhouettes pixelisées des deux finalistes se renforcent en vagues pour laisser apparaître les visages de François Hollande et de Nicolas Sarkozy (même portraits que sur France 2).
Canal +
Anne-Sophie Lapix, Michel Denisot et Jean-Michel Apathie présentent la soirée électorale de Canal+, depuis le plateau du Grand Journal. La réalisation privilégie les duplexs et reportages, notamment au gré des déplacements à moto de Mouloud Achour.
20h00 : Sans doute le décompte le plus original de toutes les chaînes en ce 22 avril, puisque ce sont les candidats eux-mêmes qui égrainent les dernières secondes jusqu'à l'heure H. Un zoom sur photo satellite se décompose en une multitude de cubes 3D d'où émergent les visages des deux qualifiés. Des infographies plus traditionnelles sont ensuite utilisées pour les autres résultats.
Crédits // Agence : Motionfanclub
M6
Présentation d'un 1945 spécial. Puis, dès 23h30, une édition spéciale présentée par Xavier de Moulins qui commentera à froid et sans langue de bois les résultats du premier tour, avec Éric Naullau et Éric Zemmour.
20h00 : Peu avant 20h00, un compte à rebours en 3D tourne sur lui-même, avant de faire apparaître en incrustation sur le plateau et de part et d'autre de Nathalie Renoux les deux qualifiés. Le reste des candidats apparaît sur l'écran géant du studio Jean Drucker.
MAIS AUSSI :
I>TELE
A partir de 19h00, soirée spéciale présentée par Olivier Galzi et Sonia Chironi, avec Jérôme Sainte-Marie (CSA) et Michaël Darmon. 17h52 : infographie de l'abstention en 3D, incrustée dans le décor
20h00 : La composition circulaire du plateau sert de base à l'apparition des candidats. Comme un plateau rond central qui apparaît en réalité augmentée, les candidats apparaissent de manière rotative, deux par deux.
BFM TV
Soirée spéciale présentée par Olivier Marshall, avec Ruth Elkrief, Olivier Mazerolle, et Anne Sinclair (Huffington Post).
20h00 : Comme des totems, les visages et chiffres des deux candidats sélectionnés pour le second tour se déploient en hauteur dans un effet de réalité augmentée.
FRANCE 24
Crédits // Agence : Gédéon
Retrouvez tous les éléments d'habillage de cette présidentielle en vidéo ci-dessous :
Comme il y a 15 jours pour le 1er tour, lenodal vous propose de découvrir en direct les habillages des chaînes pour ce dénouement de l'élection présidentielle. Nous vous proposons toute la soirée, quelques instants après leur diffusion, un panorama des infographies et les révélations des résultats.
TF1 18h45 : Début de la soirée électorale de TF1, toujours présentée par Laurence Ferrari et Claire Chazal depuis le plateau du JT. Le générique s'ouvre sur les mêmes images que celles du générique du 1er tour. On notera tout de même des synthés qui ont été déplacés à l'image. Le décor du plateau s'ouvre sur des images de Paris filmées depuis le haut de la tour TF1 ; le temps clair rend du même coup le plateau plus lumineux.
20h00 : Un compteur en surimpression devant les images des militants apparaît dans l'écran derrière les journalistes, égrainant les secondes avant 20 heures. Puis le plateau, plonge dans l'obscurité bleutée, et durant les quinze dernières secondes, des cartouches et lignes bleus blancs rouges tournoient en réalité augmentée, laissant apparaître subrepticement des parties de visages des deux candidats pendant que la caméra dé-zoome. A 20h00, Claire Chazal annonce le nom du vainqueur François Hollande : sa photo et son cartouche apparaît sans effet particulier sur des images des militants exultant.
Fin de la soirée électorale à 1h du matin.
France 2 18h35 : Début de la soirée électorale de France 2. Le générique, qui présentait au premier tour l'ensemble des 10 candidats, a été remonté pour ne plus présenter que des images et citations de Messieurs Hollande et Sarkozy.
19h15 : David Pujadas fait à nouveau un tour dans les coulisses, et notamment sur le plateau de Télématin reconverti en base arrière pour les sondeurs. Il interroge Brice Teinturier, directeur général d'Ipsos. Le journaliste présente les invités de la soirée depuis la régie et devant un écran installé qui diffuse les photos des personnalités politiques qui seront présents en plateau.
19h25 : Séquence nostalgie : la chaîne diffuse les moments d'annonce des résultats lors des précédentes soirées électorales, rentrés depuis dans la mémoire collective. Une rétrospective à découvrir également dans notre sélection "Présidentielles 1974 - 2012"
20h00 : Dans un plateau partiellement plongé dans l'obscurité, le plan large montrant le faux-ciel incrusté zoome sur la table centrale. Puis, dans une animation de synthèse identique au premier tour, le visage de François Hollande apparaît en incrustation dans la cour de l’Élysée reconstituée.
Au cours de la soirée, les chiffres s'affinent et de nouveaux sondages permettent de découvrir le choix préféré des Français pour le futur Premier ministre.
01h15 : Fin de la soirée électorale de France 2, qui s'est classée en tête des audiences (26,6% de PDA selon Médiamétrie).
Crédits // Agence : Fullscreen - Réalisation : Romain Gentilhomme - Musique : Jérôme Coulais - Direction artistique info France Télévisions : Arnaud Vincenti
France 3 19h30 : Début du 19/20 spécial consacré à ce 2ème tour, toujours présenté par Carole Gaessler et Francis Letellier.
20h00 : Sur une photo fixe du palais de l’Élysée combinée avec le drapeau français sur la partie basse de l'écran, un jeu de cubes montrant un visage pixelisé tourne sur lui-même, puis se précise peu à peu en détails jusqu'à faire apparaître le visage du nouveau président.
Crédits // Agence : Fullscreen - Direction artistique info France Télévisions : Arnaud Vincenti
Canal + 19h00 : Le Grand Journal du 2ème tour ouvre sur le générique identique à la première édition, avec un dézoom progressif par vignettes de palais de l’Élysée vers la France, grâce aux images IGN.
20h00 : L'animation est sensiblement la même que celle du premier tour. Seul changement : les lieutenants des partis politiques UMP et Parti Socialiste égrènent les dernières secondes, en terminant ce défilé de personnalités par... François Hollande lui-même.
> Un making of de ce décompte est à découvrir ici, sur le site de canalplus.fr
Arte
Le générique s'ouvre sur des symboles de la République (Marianne, drapeau) sur fond à dominante bleutée, où apparaît en surimpression des lignes multicolores qui traversent l'écran, et prennent les couleurs du drapeau français. Puis la "caméra" entre dans la cour de l’Élysée avec un tapis rouge, où apparaissent les mentions "Arte Journal - Élysée 2012" dans les typographiques classiques de l'habillage de la chaîne.
Le plateau montre 3 pupitres séparés sur une estrade transparente bleutée. Conformément à la ligne éditoriale d'Arte, l'émission spéciale fait la part belle aux conséquences européennes de l'élection.
20h00 : Probablement l'annonce la plus élégante de ce second tour. Sur fond bleu sombre, les lignes horizontales traversent l'écran, puis se rapprochent aux côtés de formes mouvantes bleutées, laissant apparaître peu à peu le visage du nouveau président à côté de la cour de l’Élysée.
M6
20h00 : Sur un piédestal reconstitué incrusté au milieu du plateau Jean Drucker, une silhouette holographique tourne sur elle-même, et laisse apparaitre en balayage de bas en haut avec un léger faisceau lumineux une photo de plain pied du nouveau président de la République François Hollande.
MAIS AUSSI :
France 24
Comme pour le 1er tour, c'est l'agence Gédéon qui a été chargée de l'ensemble de l'habillage on-air et on-line de cette élection. Il en sera de même pour la présidentielle américaine, cet automne.
Vous pouvez visionner en cliquant ici un montage de l'agence qui présente succinctement l'ensemble de la stratégie déployée.
BFM TV
20h00 : Des effets lumineux semblables à des aurores boréales descendent de l'image laissant apparaître un écran sur lequel diverses lamelles montrent successivement les visages des candidats qui s'enchaînent. Peu à peu, l'animation prend une place centrale sur l'écran et le plateau disparaît pour laisser place à un fond aux couleurs du drapeau et de l’Élysée. La typographie à empattements, qui semble être du Baskerville, tranche avec le reste de l'habillage.
i>TELE
20h00 : Un jeu de lamelles vitrées se déplacent de part et d'autre de l'écran, sur lesquelles sont incrustées différents portraits des candidats sur fond de couleurs bleu blanc rouge. Puis, deux écrans bleu et rouge se rejoignent et laissent apparaître le visage de François Hollande sur l’Élysée, à côté uniquement de son estimation 51,80 %. Le visuel se rapproche de ce qui s'est fait sur Canal + dans Le Grand Journal du 2ème tour. Une annonce des résultats radicalement différente de celle du premier tour.
Retrouvez tous les éléments d'habillage de cette présidentielle en vidéo ci-dessous :
Lundi 30 avril, France 5 a mis à l'antenne un nouvel habillage développé par l'agence Les Télécréateurs.
La chaîne abandonne donc la petite flèche qui parcourt l'écran ainsi que les chorégraphies. Elle confirme son choix d'un habillage mixte : d'une part très graphique et rectiligne pour ses bandes-annonces et d'autre part très 'aérien' pour ses idents et jingles pub.
Les idents
La nouvelle identité de France 5 met en scène le mouvement. Les jingles pub et idents sont constitués de brefs plans successifs, dans un registre poétique. Le son, brut, est diégétique : il correspond aux plans à l'image. L'absence de musique accentue d'autant la force de l'image.
Couple s'enlaçant, avion survolant le ciel, fumée qui s'échappe, nageur qui plonge sous l'eau, ballon dans la rue, gymnaste, mercure dans un thermomètre... tous ces éléments parcourent l'écran de gauche à droite dans une sorte de mouvement perpétuel.
L'autopromotion
Les bandes-annonces sont dans un registre très graphique. Des rectangles de couleurs vives s'enchaînent au rythme d'une musique simple, presque primitive, accompagnée de sons évoquant le corps humain.
Originalité : la barre supérieure du "5" sert de point de départ à la construction du gabarit, un cartouche blanc opaque. Les informations sont ainsi placées en proximité immédiate avec le logo.
Typographie
L'Heldustry FTV, typo corporate de France Télévisions depuis 2002, n'apparait plus à l'écran. Après France 4, c'est la deuxième chaîne qui abandonne la police du groupe. La composition des textes joue sur les différentes graisses disponibles.
L'habillage, modulable à souhait, utilise également un jeu de reproductions en miroir. Tels des diapositives ou intercalaires, les éléments s'enchaînent au rythme du bruitage sonore spécifique à la chaîne de la connaissance. Ainsi, quelques mois après France 2, l'habillage de France 5 est le second des chaînes publiques à s'autoriser la déstructuration des images.
Ce vendredi 1er juin, le groupe qatari Al Jazeera lance sa très attendue chaîne sportive : beIN SPORT. Elle sera d'ores et déjà disponible sur la plupart des bouquets câble, ADSL et satellite (à l'exception notable de Canalsat, faute d'accord entre les deux parties). Lenodal vous présente et analyse les premiers visuels de la chaîne.
Simulation d'emplois du logo beIN SPORT
genèse du projet : le naming et les valeurs de marque
Ce sont deux sociétés françaises, l'agence conseil Via Alternativa et l'agence Dream On, qui ont créé pour Al Jazeera la marque beIN SPORT.
Sophiane Tilikete, Directeur conseil chez Dream On, nous raconte : « Pascal Somarriba et Sébastien Meyssan (fondateurs de l'agence Via Alternativa) nous ont sollicité pour participer avec eux à l'appel d'offres lancé par Al Jazeera. Il s'agissait de créer une marque autour de leur offre de chaînes sportives.
Trouver le nom a été un casse-tête, car il existe des milliers de marques de par le monde qui intègrent déjà la mot "sport". On aurait pu se tourner vers un nom complètement inédit, type "Google" ou "Yahoo", mais cette approche ne nous semblait pas forcément judicieuse.
L'autre difficulté est qu'Al Jazeera souhaitait crééer une marque mondiale (beIN SPORT sera lancée aux Etats-Unis le 1er août, NDLR). On ne pouvait donc pas se permettre d'utiliser des mots à consonance trop française.
La marque ainsi constituée reflète l'approche "people centered" de la chaîne, c'est à dire que l'immersion du téléspectateur sur les terrains des différents sports est prioritaire. Il y a une forme d'humilité qui consiste à mettre la chaîne légèrement en retrait ; l'important, ce sont le jeu et le public. »
Via Alternativa et Dream On ont par ailleurs conçu la "plate-forme de marque", c'est-à-dire l'ensemble des valeurs et des règles de base concernant la communication de beIN SPORT. Ce document a notamment été remis aux agences chargées de la publicté et de l'habillage des antennes. Il définit par exemple la palette de couleurs (ci-dessus) ou la typographie corporate, en l'occurrence l'Officina sans.
le logotype
La volonté d'humilité transparaît dans le logo dessiné par Dream On. Il utilise en effet des codes graphiques peu communs dans l'univers des marques sportives.
Tracé régulateur du logotype beINSPORT
Premier constat : la rondeur. « Le logo est basé sur un ensemble de cercles. L'emploi d'une forme parfaite souligne la rigueur professionnelle et technique de la chaîne. La rondeur permet aussi de nous démarquer des autres marques sportives : on a recours à un langage graphique peu utilisé dans ce milieu, beIN SPORT est donc une chaîne qui innove », selon Sophiane Tilikete.
On remarquera que nombre d'autres codes "masculins" ont été écartés. A contrario d'autres logos, celui de beIN SPORT ne s'appuie pas exclusivement sur une typographie en capitales. Autre choix, celui du violet : une couleur secondaire, obtenue par le mélange de bleu de rouge... Du masculin et du féminin ?
Pour Dream On, le logotype embrasse les valeurs fixées pour la chaîne : accessibilité, sérieux, style et modernité. Il se décline en versions "marques chaînes", beIN SPORT 1 et beIN SPORT 2. Un second canal de diffusion doit en effet être lancé le 28 juillet.
Mise à jour 16h : Le site web de la chaîne a été mis en ligne dans sa version définitive il y a quelques minutes.
D'autres infos concernant l'identité visuelle de beIN SPORT sont à venir très prochainement sur lenodal.com.
Comme pour la présidentielle, l'équipe de lenodal se mobilise pour vous permettre de découvrir en direct les habillages des chaînes à l'occasion des élections législatives. Nous vous proposons toute la soirée, quelques instants après leur diffusion, un panorama des infographies et les révélations des résultats.
TF1 18h45 : Début de la soirée électorale de TF1, présentée par Claire Chazal et Gilles Bouleau depuis le plateau du JT.
Le décor a légèrement évolué depuis les soirées de la présidentielle : la table a été recouverte d'une plaque qui lui donne un aspect plus moderne. Quelques secondes avant 20 heures, le décompte apparaît en incrustation dans un hémicycle avant de dévoiler le tableau des résultats.
France 2 18h55 : Début de soirée électorale compliqué pour France 2 : la chaîne est "coincée" par la finale de Roland Garros, interrompue par la pluie. Après un premier décrochage avec David Pujadas, le service des sports garde l'antenne pour parler des bâches... avant de recéder l'antenne à la rédaction. Cruel dilemme que de devoir traiter de deux événements en simultané !
Elise Lucet et David Pujadas évoluent dans le même décor que pour la Présidentielle, à ceci près que l'écran géant en arrière-plan présente désormais une vue de l'hémicycle. Le décompte jusque 20 heures y est incrusté.
Comme pour la présidentielle, le générique est basé sur un montage d'images de personnalités politiques. L'accent est mis cette fois-ci sur des députés célèbres, notamment lorsqu'ils ont été ministres.
À noter, en intro, une vue en 3D de la façade du Palais Bourbon... Un aperçu de l'infographie qui dévoilera les résultats à 20 heures ?
Intuition confirmée : à l'heure H, la caméra 3D pénètre dans le bâtiment pour révéler l'estimation des rapports de forces.
Crédits // Agence : Fullscreen - Réalisation : Romain Gentilhomme - Musique : Jérôme Coulais - Direction artistique info France Télévisions : Arnaud Vincenti
France 3 18h55 : La chaîne des régions tiendra sans doute ce soir une place à part grâce à son imposant maillage local. Des allers-retours réguliers sont prévus entre Paris (avec Carole Gaessler et Francis Letellier) et les antennes de proximité.
Un peu après 20 heures, séquence "retour vers le futur" : une envoyée spéciale intervient avec un micro estampillé du logo de la chaîne... en 1992.
Comme on pouvait le prévoir, l'implantation régionale de France 3 lui permet de présenter des estimations ou résultats détaillés circonscription par circonscription. À chaque décrochage entre rédactions nationale et locales, un indicatif présente le logo des législatives évoluant sur un fond bleuté, entouré des noms des régions françaises. Côté générique, comme pour la présidentielle, une réalisation simple : dézoom sur le logo en 3D, incrusté sur le plateau ou la régie de production.
Crédits // Agence : Fullscreen - Direction artistique info France Télévisions : Arnaud Vincenti
MAIS AUSSI :
BFM TV
Les grandes lignes de l'habillage de la présidentielle sont conservées. On notera néanmoins que l'urne présente dans le générique est désormais partiellement translucide. De fait, le rendu semble un poil plus élégant que pour la précédente élection. La typographie Baskerville est conservée.
iTélé
Comme BFM TV, iTélé propose des points réguliers sur le scrutin. Même générique et même décor que pour la présidentielle, à un détail près : un nouvel indicatif musical, qui reste dans la tonalité utilisée jusqu'à présent.
LCI
La chaîne info du groupe TF1 exploite les éléments d'habillage de sa grande sœur et ceux mis à l'antenne en début d'année (les portions de disques). Elle propose également des infographies s'appuyant, en arrière-plan, sur des photos prises depuis le pont de la Concorde (face à l'Assemblée nationale).
France 24
La chaîne d'information internationale réexploite les éléments créés par l'agence Gédéon pour la présidentielle.
Retrouvez tous les éléments d'habillage de ces législatives en vidéo ci-dessous :
La compétition annuelle, qui sacre les meilleures agences et directions artistiques, vient de se terminer à Los Angeles. Quelques Français ont su tirer leur épingle du jeu créatif international.
C'est le cas des Télécréateurs, qui ramèneront pas moins de quatre statuettes dans leur bagages.
Tout d'abord, pour la campagne "Histoire de l'Amérique" (France 5) : Gold Award "unscripted campaign", Silver Award de la campagne la plus drôle, Bronze Award de la meilleure campagne sous-traitée à une agence (réalisation : David Gray) ;
Saluons par ailleurs le Gold Award des meilleurs idents Sports, attribué à l'agence pour Eurosport (réalisation : Sébastien Cannone).
A noter également, le Gold Award remporté par Dream On dans la catégorie campagne sous-traitée. L'agence a réalisé pour Orange cinéma séries des teasers autour d'un cycle de films avec Raquel Welch.
Par ailleurs, le département web d'Orange cinéma séries reçoit 3 récompenses (bronze et argent) pour son mini-site Walking Dead et pour la base Universéries (directeur de création web : Laurent Charlemaine ; agence : Hellohikimori).
Félicitations aux lauréats !
J. Magne
Liste complète des résultats sur le site du Promax
Lancée le 4 juillet dernier pour le coup d'envoi de l'Alstom Open de France, Golf+ est une nouvelle antenne thématique du groupe Canal+, pilotée par sa direction des sports. Une chaîne « de niche », en abonnement à-la-carte et qui s'adresse aux 420 000 licenciés (et sans doute davantage de mordus) de la petite balle blanche. Olivier Schaack, Directeur Artistique, nous présente l'identité visuelle du nouveau-né.
le concept
Le point de départ de cette identité est bien entendu le logo, dessiné par Marc Lescop. Il respecte la charte des chaînes thématiques "+", à savoir une construction dans un cartouche gris et l'utilisation de la typo Canal Din Black. Il comporte également un « effet woosh » qui rappelle le mouvement du club frappant une balle de golf.
« Nous avons lancé un appel d'offres mi-avril. Trois agences étaient en compétition : Lazy Corner, Dream On (qui avait rhabillé Sport+ l'an dernier, NDLR) et Devilfish. C'est cette dernière qui a été retenue, leur projet ayant fait l'unanimité. »
La proposition de l'agence s'appuie sur plusieurs idées-phares. La première est que le golf est une invitation au voyage. « Nous allons diffuser les 40 tournois de l'European Tour, les événements du circuit américain, les épreuves des World Golf Championships... Bref, on va voir du pays », commente Olivier Schaack.
Deuxièmement, l'agence a détecté que le golf est un sport propice à la répétition. « Les mêmes gestes reviennent régulièrement, les joueurs sont des athlètes à part entière. C'est un sport de précision et très codifié. »
Enfin, le golf est un sport « premium », d'abord parce qu'il cible essentiellement les CSP++, mais aussi « parce qu'il est prétexte à l'utilisation de beaux objets : les différents types de clubs, la balle, les tees... »
La proposition de Devilfish synthétise ces idées en mettant en scène un joueur de golf exécutant un même mouvement en différents lieux. Les idents (vidéos ci-dessous) suivent ce scénario à la lettre.
Cet habillage exploite les possibilités offertes par le motion control, une technologie popularisée à la fin des années 70 par les effets spéciaux de Star Wars et couramment utilisée de nos jours. Rappelons qu'elle consiste à asservir un mouvement de caméra motorisé (un travelling, par exemple) à un pilotage informatique. Il en résulte une parfaite répétition dudit mouvement sur plusieurs prises, ce qui permet de tourner séparément plusieurs « couches » d'éléments en vue d'un compositing.
Dans le cas de l'habillage de Golf+, des joueurs ont été placés sur un plateau rotatif et ont répété plusieurs fois un même mouvement, un swing par exemple. Le tournage sur fond bleu avec points de tracking a par la suite permis d'incruster les différents greens.
Le sound design a été, quant à lui, pris en charge par le service des sports de Canal+.
les jingles pub
« Les jingles pub n'ont pas été tournés en studio, contrairement aux idents. Le dispositif technique ne l'exigeait pas ; on est donc allé sur le terrain (le prestigieux green de St George's Hill) avec un EOS 5D. Ici, on illustre différemment l'idée de répétition : il s'agit davantage de présenter les différents gestes qui peuvent être exécutés ad lib par un joueur professionnel. Notez cependant que nous déconstruisons la narration grâce à différentes valeurs de plans et grâce au montage, dans le but de ne pas diffuser des éléments trop linéaires et de ne pas lasser », explique Olivier Schaack.
Le tout est appuyé par un effet woosh sonore et visuel qui rappelle la construction du logo.
Au total, cinq jingles pub et autant d'idents ont été produits par Devilfish pour Golf+.
l'autopromo
Par ailleurs, des « matières » ont été tournées par Devilfish pour servir de base au kit autopromotion. Elles sont utilisées dans les synthés, pour les packs de bandes-annonces et enfin comme boucle de nuit. Pour Olivier Schaack, « cela reste cohérent avec l'univers visuel de Canal+, qui est construit sur un jeu de fabrication d'images abstraites à partir d'éléments concrets. Cela permet aussi de mettre en valeur le grand raffinement de ces objets. »
On remarquera enfin que l'ensemble de l'habillage est conforme au gabarit 9 pistes élaboré l'an passé par Devilfish pour l'ensemble des thématique "+".
Crédits :
Canal+ - Direction Artistique : Olivier Schaack ; avec Olivier Degrave, Marc Lescop, Astrid Hughes
Devilfish - Richard Holman, Daniel Eatock, Grant Gilbert
Depuis le lundi 3 septembre, NT1 a mis à l'antenne son nouvel habillage, annoncé depuis quelques mois. Élaboré par l'agence Naked Compagnie, cette nouvelle parure concrétise le rachat par TF1 de la chaine créée par AB Groupe.
le concept
Sur le même principe que l'ensemble des chaînes du groupe TF1, le nouvel habillage est conçu autour du logo. Avec sa forme arrondie, à laquelle est appliquée un effet "croissant de lune", il rappelle le design du fauteuil Ballon, qui tourne sur son propre axe, conçu par Eero Aarnio en 1966. Les tons gris clair de l'ancien logo ont laissé place à une couleur plus vive qui se rapproche de l'ambre jaune. Néanmoins, il a été conçu de sorte que les couleurs puissent se décliner selon l'univers des différents éléments, jingles pub ou bandes-annonces.
La typographie du logo conforte ce positionnement avec un lettrage arrondi. On notera un décalage ascendant à 10° des trois lettres par rapport à la forme, ainsi qu'un reflet qui disparaît pourtant peu à peu du design audiovisuel, dit "web 2.0", donnant un effet dynamique en accord avec le positionnement jeunes adultes de NT1.
les jingles pub
À l'image de ce qui se fait sur TMC (autre chaine du groupe TF1), le logo de NT1 est au cœur du scénario des jingles pub. Mais à la différence de sa consœur monégasque où le logo est contextualisé, ici il est placé dans un fond uniforme éclairé.
C'est le logo qui se met en scène : il se déshabille, se révèle, s'ouvre, se referme, se transforme, emprunte textures et apparences multiples, qu'elles soient abstraites ou figuratives : terrain de golf, liquides, lueurs, toupies, balles, le tout agrémenté de sons à consonance électronique. Un logo évolutif et réellement en phase avec son habillage qui nous est donc proposé ici. Une stratégie globale qui se traduit jusque sur le site Internet, renouvelé et adapté aux tablettes tactiles.
l'autopromo
Là encore, la synergie du groupe TF1 est bien visible, puisque l’autopromo se rapproche du système visuel de LCI pour le packshot. Les visuels et informations tournoient et se déploient autour de formes circulaires et dégradées, à la manière d'un radar dont le logo serait l'appendice central.
L'habillage met en scène une typographie de la famille linéale géométrique, déclinée dans différentes graisses. Les horaires des programmes sont mis en avant et empruntent la couleur (déclinable) du logo.
La voix de la comédienne Julie Bataille reste finalement le seul élément de l'ancienne identité de NT1 encore conservé, en tant que voix-off féminine de la chaine.
Découvrez notre sélection de vidéos issues de ce nouvel habillage :
7 septembre 1992, 6h30 : pendant une minute et demie, les téléspectateurs d'Antenne 2 viennent d'être bombardés d'une multitude de signaux audiovisuels. Un montage dynamique, tout en musique, rythmé par de courts laïus de leurs animateurs préférés ("Chaque dimanche est un jour de joie", clame Jacques Martin ; "C'est du grand spectacle !", lance Patrick Chêne) et, à l'écran, par une succession de mots courts ou onomatopées. A l'issue de ce déferlement d'images, un logo jusque là inconnu apparaît : celui de France 2.
Quelques photogrammes du générique antenne de France 2 en 1992.
Quand commence enfin "Télématin" quelques instant plus tard, William Leymergie s'empresse de souhaiter aux téléspectateurs la bienvenue sur la nouvelle appellation d'Antenne 2, non sans saluer également la nouvelle identité de la petite voisine : parallèlement, FR3 vient de devenir France 3.
Ce 7 septembre 1992 marque un tournant dans l'histoire de l'audiovisuel public. Ce jour-là vient de naître France Télévision. À l'occasion des 20 ans de cet événement, lenodal a rencontré les protagonistes de l'époque et vous propose de se pencher en détail sur la construction de ce qui reste sans doute l'un des habillages les plus emblématiques de la télévision française.
Quelques éléments d'habillage de France 3.
une entité transversale
Si nombre de chaînes ont été amenées à changer de nom au cours de leur existence, le renaming d'Antenne 2 et FR3 peut être considéré comme un point d'orgue dans l'histoire de la télévision publique. C'est aussi le dénouement d'un processus engagé 25 ans plus tôt. Lorsque naissent les deuxième et troisième chaînes en 1963 et 1972, la télévision n'est encore qu'un appareil d'État. La couleur puis l'éclatement de l'ORTF auront beau distinguer les deux consœurs de TF1 pendant des années, la remontée en audience puis la privatisation de cette dernière va les plonger dans une grave crise d'audience, mais aussi budgétaire.
Le gouvernement Rocard, Jack Lang en tête, entend renforcer le pôle public face à la concurrence des antennes privées : TF1 bien sûr, mais aussi les nouvelles chaînes qui émergeront bientôt sur le câble et le satellite. La loi du 2 août 1989 dote donc Antenne 2 et FR3 d'un président commun. Après un rapide passage de Philippe Guilhaume, c'est Hervé Bourges, l'homme qui a modernisé TF1, qui est appelé au chevet des malades.
Hervé Bourges dessine rapidement les grandes lignes de sa stratégie : « redresser, rapprocher, regrouper 1 » les chaînes publiques. Des synergies apparaissent, comme des bandes-annonces groupées ou la diffusion commune du Téléthon et des jeux olympiques de Barcelone. Mais pour que le rapprochement soit total, il doit s'inscrire dans l'ADN des deux chaînes : Bourges entend « réaffirmer le rôle et les valeurs de la télévision publique à travers une nouvelle signalétique 1 ». Un grand appel d'offres est donc lancé pour doter Antenne 2 et FR3 de nouvelles identités. À l'issue de cette compétition internationale, c'est un ticket composé de deux agences françaises qui remporte le marché au printemps 1992 : BDDP et Gédéon. Charge à la première de définir l'axe stratégique des chaînes et de concevoir la campagne de communication qui accompagnera le renaming ; Gédéon, quant à elle, prendra en charge la création identitaire.
Logotype de France Télévision accompagné de sa grille d'agrandissement.
Premier moyen de rapprocher : opter pour des noms plus semblables. Exit Antenne 2 et FR3, les deux chaînes doivent constituer une marque inédite (mais sans valeur juridique 2). BDDP propose dans un premier temps "Télévision France", sur le modèle de Radio France. De discussion en remaniements, il est jugé que "France Télévision" sonnerait mieux, en dépit d'un petit côté anglo-saxon. Les chaînes, quant à elles, auraient pu s'appeler "FR2" et "FR3". Par souci de cohérence avec la marque-ombrelle, les noms de "France 2" et "France 3" émergent finalement.
Des années durant, la marque France Télévision vivra au gré des retransmissions d'événements sportifs mais aussi au travers d'une séquence d'autopromotion commune : "rendez-vous". Les deux logos survolent l'écran pour déployer une marquise où s'insèrent les images du programme. Par ailleurs, comme pour toute grande entreprise, une campagne publicitaire accompagne le lancement de la marque.
Photogrammes tirés de la campagne de lancement de la marque France Télévision (BDDP).
France 2, France 3 : des noms pas très originaux ? Mais « c'est un joli nom, un joli mot que le mot France » se défend Hervé Bourges, invité de Bruno Masure au 20 heures de la Deux le 7 septembre 1992. De fait, ce renaming a permis aux chaînes publiques d'être mieux exposées et plus agressives face à l'hégémonie de TF1. Pour Hervé Bourges : « Au niveau international, cela nous permettra d'être reconnu. Mes collègues des télévisions étrangères -les présidents de la BBC, des chaînes allemandes, de la NHK- nous ont écrit pour nous dire : "enfin, on va retrouver les chaînes françaises sur le marché international." Auparavant, Antenne 2 et FR3 disparaissaient un peu au profit de la première chaîne commerciale qui, ayant récupéré les couleurs bleu-blanc-rouge, faisait illusion. 3 » Voilà qui est dit !
François Dameron dirige aujourd'hui l'agence Gédéon. En 1992, il est chargé de production. 4 Selon lui, « Il n'y a pas de grands travaux sans grands commanditaires. Etienne Robial n'aurait sans doute jamais pu mettre en place ce qu'il a créé pour Canal+ si Pierre Lescure ne lui avait pas donné carte blanche. On est là en présence d'un dirigeant de la même veine. Hervé Bourges a eu le souci de créer la différence et le courage de bousculer les habitudes. »
S'il n'en est Directeur Artistique que depuis l'an 2000, Stéphen Harlé était déjà dans la maison France 2 en 1992. 5 Il se souvient que les habitudes ont été, effectivement, difficiles à bousculer. « On sort d'un habillage qui pose quelques problèmes de goût... (cf. vidéos ci-dessous, NDLR) Autant dire que l'attente est énorme. Lorsque l'on découvre les logos, la première réaction collective est : "c'est ça ?!". Je me souviens ne pas avoir été emballé par ce "gros 2 rouge". Bref, l'adhésion est modérée mais en même temps, on sent qu'il se passe quelque chose. La situation est clarifiée, on a le sentiment d'appartenir à un groupe. Finalement, tout le monde s'est approprié cette nouvelle image. »
Dernier habillage d'Antenne 2 (1990-1991), signé Robert & Partners.
Sophie Lapidus-Tepper est alors en charge de l'équipe des bandes-annonces de la Deux. 6 Elle raconte : « Je suis arrivée en 1991, après deux ans passés chez TF1. La Une venait d'être privatisée et s'était énormément rationalisée dans son fonctionnement interne. De fait, ma première réflexion lorsque je découvre les méthodes de travail en vigueur chez A2 est de me dire que je passe de "La Guerre des Étoiles" à "La Guerre du Feu" ! Ce changement d'identité a donc été l'occasion d'insuffler une dynamique et une équipe nouvelles. On passait de l'empirisme à un système construit. Grâce au travail de Gédéon, tant sur l'identité graphique qu'au travers de l'apport de nouveautés (comme le Coming-Next), on a eu l'impression que désormais l'antenne avait une voix. On a énormément travaillé alors sur les textes, le choix des voix de chaîne. Il y a surtout eu un parti pris qui a consisté à s'adresser aux téléspectateurs comme à des gens intelligents. »
Christian Bony 7, qui assistait Sophie Lapidus à ce qui allait devenir la première Direction Artistique de France 2, confirme : « Gédéon a introduit des techniques de la publicité dans les outils de France Télévision. Cette période voit l'arrivée du marketing et des premières études sur l'antenne. Il y a eu en interne un séisme culturel : désormais, il fallait accepter que nous étions frontalement concurrents de TF1. Hervé Bourges a prononcé alors une phrase qui a été assez mal accueillie mais était lourde de sens : "L'image d'aujourd'hui, c'est l'audience de demain." Rendez-vous compte, "il a dit le mot 'audience' !" Il y a donc eu création d'une grammaire, dans l'écriture et le montage des bandes-annonces, qui devait nous distinguer des chaînes commerciales. La Direction Artistique a joui à cette époque d'une liberté incroyable qui lui a permis de devenir un véritable laboratoire d'idées. Le nombre de rédacteurs a été quadruplé, on a commencé à faire venir des graphistes... Les premiers teasers apparaissent, ce qui était complètement nouveau. Bref, il y avait une grande envie d'explorer ce territoire vierge. »
La "patte" de l'autopromo de France Télévision(s) naît donc à cette période, avec des fondamentaux (intelligence, humour voire auto-dérision) qui perdurent encore aujourd'hui. Si l'on s'en tient au strict habillage, le point fort de cette identité reste, 20 ans après, la capacité qu'a eu l'équipe de Gédéon de rapprocher graphiquement deux chaînes distinctes. On va le voir, l'agence a joué à fond la carte de la complémentarité entre les marques.
complémentarité à tous les étages
Logo de France 2 accompagné de sa grille d'agrandissement
Premier étage de la fusée : les logotypes de France 2 et France 3. Ils ont été créés selon le même principe et présentent logiquement de nombreuses similarités. La base en est le chiffre deux ou trois, en aplat de couleur. Si la forme du caractère "2" n'est pas sans faire penser au Franklin Gothic Heavy, il s'agit en fait d'un dessin inédit qui allie rondeurs parfaites du cercle et stricte angularité du rectangle. Ainsi, la base du chiffre reçoit le mot "France", toujours en blanc et composé en Garamond Book Italic.
Quant au "3", il est d'autant plus singulier qu'il semble n'appartenir à aucune grande famille de caractères. Gédéon a cassé la symétrie verticale habituelle de ce chiffre (cf. illustration ci-contre) au profit d'une construction minutieusement similaire à celle du "2". Il en ressort un côté très géométrique, angulaire, qui perdure encore aujourd'hui. Stephen Harlé raconte : « Lorsque les logos des chaînes ont changé en 2002, Alain Vautier a bataillé pour que ce trait caractéristique soit conservé. Alors que si vous tapez "3" en Heldustry (typo corporare de France Télévisions depuis 2002, NDLR), vous obtenez un trois rond. »
Logo de France 3 accompagné de sa grille d'agrandissement
On a vu plus haut l'importance qu'Hervé Bourges accordait à la réaffirmation du caractère national des chaînes, notamment face à TF1 toute-puissante à l'époque. Aussi France Télévision va-t-elle affronter sa principale rivale frontalement et se réapproprier les couleurs républicaines. France 2 et France 3 se déclineront donc en bleu, blanc (pour les fonds et typos) et rouge. Gédéon ne choisit cependant pas les teintes officielles du drapeau 8 mais des couleurs plus vives, plus attirantes et susceptibles de "mieux passer" à l'écran : le rouge 485 et le bleu 285, deux nuances Pantone harmonieuses entre elles. Ces couleurs perdurent encore aujourd'hui comme base des logos de France 2 et France 3.
Autre point d'accord : les typographies. La charte corporate retient deux grandes familles de polices. La première est le Garamond, un caractère intemporel (il a été dessiné au XVIème siècle par... Claude Garamont, avec un T) chargé d'une symbolique d'élégance voire de noblesse, de tradition, mais aussi de chaleur. Il est intimement associé à la culture française en général. Ce n'est donc pas un hasard si on le retrouve dans la composition de nombreux ouvrages littéraires (à commencer par la prestigieuse Bibliothèque de la Pléïade), ce qui n'a pas freiné son utilisation dans des produits purement graphiques (il est la base du logo d'Apple). 9 France Télévision n'en retient que la version italique, ce qui confère du dynamisme et une certaine touche féminine aux logos des chaînes et de la marque.
Le Garamond est accompagné à l'antenne et sur la papeterie d'une autre typo chargée d'histoire : le Franklin Gothic. Dessiné en 1902 par Morris Fuller Benton, c'est un caractère puissant, informatif et sobre tout en restant chaleureux. Il est connoté comme rassurant et honnête, deux valeurs qu'on ne saurait dissocier du service public. 9
La charte graphique de 1992 précise que le dessin de cet alphabet « favorise une très bonne lisibilité dans les petits corps » et justifie l'absence de recours à d'autres typos : « c'est un choix volontaire qui œuvre dans le sens de la cohérence et de l'identité. » Cinq graisses courantes et une version condensed sont retenues. Cependant, c'est surtout la version Heavy (ci-contre) qui est utilisée dans l'habillage.
Olivier Bontemps est à l'époque l'un des concepteurs de l'habillage chez Gédéon 10. Pour lui, « Franklin était une typo assez à la mode. Elle avait notamment été utilisée par Fabien Baron 11, qui venait de signer la nouvelle mise en page de Vogue Italie. Comme c'est un caractère connoté très "américain", nous l'avons associé au Garamond pour ramener une touche française et pouvoir jouer sur l'association entre les deux typos. »
Exemples de jeux sur les typographies.
Tous nos interlocuteurs lors de la préparation de cet article se sont accordés sur un fait : l'habillage, ce n'est pas de la pub. Il ne s'agit pas de frapper fort et de marquer les esprits, comme c'est le cas pour un spot diffusé quelques semaines. Il faut créer un système qui véhicule les valeurs de la marque et qui s'inscrive dans la durée. Ainsi, l'identité corporate de France Télévision a été calibrée pour souligner la complémentarité entre ses deux chaînes. « Complémentarité, mais aussi singularité », insiste François Dameron. « Il fallait rapprocher mais ne pas confondre, chacune des antennes devait avoir une signature propre. » On va le voir, cette contrainte initiale a été sublimée par le recours à un système aussi sobre qu'ingénieux.
Diviser (l'écran) pour mieux régner
Un vieil adage stipule que les idées les plus simples sont toujours les meilleures. On pourrait le vérifier ici. Lorsque se pose la question de transcrire en images animées les principes définis pour la marque, l'équipe de Gédéon accouche d'une idée qui va perdurer (certes avec des évolutions) pendant près de dix ans sur les chaînes publiques : la partition de l'écran. Concrètement, l'écran sera divisé en deux sur France 2 et en trois sur France 3. Une idée simple comme bonjour ?
Olivier Bontemps explique : « Le principe a été long à trouver mais demeure simple en apparence. Nous voulions introduire des codes du print sur les antennes, d'où l'idée de diviser l'écran en deux colonnes sur France 2. Ces deux colonnes, c'est un peu une double-page de magazine. »
Sur la "page de droite" du magazine France 2, on retrouve nos deux typographies, Franklin et Garamond. Elles sont animées pour constituer des accroches visuelles, comme des gros titres. À gauche, telle une page photo, place aux programmes. Pour les jingles pub, des personnages sautillants sont mis en scène.
Gabarit autopromo de France 2.
« On s'est inspiré des travaux du photographe Philippe Halsman, révèle Olivier Bontemps. L'idée était d'insuffler de la vie sur l'antenne, de donner envie. Il faut souligner qu'à l'époque, la majorité des chaînes n'avaient que deux jingles pub : ouverture et fermeture... Et encore, le jingle fermeture n'était souvent qu'un rembobinage de l'ouverture ! Nous avons été les premiers, sur M6 puis sur France Télévision, à concevoir et réaliser toute une gamme de jingles »
François Dameron complète : « C'était aussi une fenêtre d'expression libre. Nous réalisions pas mal de spots publicitaires et avions donc un vivier de jeunes réalisateurs autour de nous, comme Jan Kounen ou Marc Caro. On a donc eu envie de les solliciter : on les briefait sur la tonalité générale de l'habillage, la contrainte de la moitié d'écran en vertical... et eux nous livraient leur vision du saut. Gilles Galud (fondateur de Gédéon, NDLR) et Christophe Valdejo en ont aussi réalisé plusieurs. »
Quelques jingles pub tournés pour France 2. La 5ème vidéo est une réalisation de Marc Caro.
Pour Stéphen Harlé : « On est dans un système suisse, très ordonné. Forcément, cela créé une marque forte. Néanmoins, au quotidien, mes prédécesseurs et moi-même avons souvent transgressé cette structure. Ce n'était pas facile de composer avec une moitié d'écran en vertical. C'était plus facile sur France 3, où les textes pouvaient s'étaler en longueur. Si vous regardez attentivement des bandes-promos des années 90 à 2000, vous verrez que notre principal exercice constituait à faire vivre notre "2" et à le mettre en scène sur l'intégralité de l'écran. »
De façon complémentaire, la division sur France 3 est faite selon un axe horizontal « qui accentue le côté découverte, avec des vues panoramiques », décrypte Christophe Valdejo, qui a réalisé de nombreux éléments de ces habillages. 12 En effet, point d'humains sur cette chaîne mais variété de paysages : ceux des régions, la spécificité de France 3. L'antenne met ainsi l'accent sur la proximité, l'ancrage dans les territoires.
L'univers des jingles pub de France 3.
François Dameron se remémore : « On a envoyé une équipe de tournage sillonner l'hexagone pendant quasiment deux mois. Il en résulte ce paradoxe intéressant qui consiste à créer une ouverture sur le monde en présentant des lieux hétéroclites mais familiers. La France est un pays incroyable de ce point de vue. »
Gabarit autopromo de France 3.
D'autres spécificités vont contribuer à la singularité de cette identité. D'abord sa capacité à être déclinée : c'est l'époque où s'ancre l'habitude de mettre à l'antenne des habillages spéciaux durant l'été ou les fêtes de fin d'année. Les logos de France 2 et France 3 prennent alors une couleur dorée. Sur la Trois particulièrement, une nouveauté va permettre de lutter contre l'érosion qui menace tout habillage : la saisonnalité. Les paysages présents dans les trois bandes varient selon la période de l'année et accompagnent ainsi la vie des téléspectateurs.
Autre force : la musique. Après Canal+ et M6, France 2 et France 3 figurent parmi les premières chaînes à se doter d'une identité sonore à part entière. « Sur France 3, il y a une inspiration "World music", un style qui commençait à percer à l'époque... Mais c'était de la world music "au coin de la rue", pour paraphraser un slogan de FR3. Elle avait été orchestrée de sorte à sembler familière aux téléspectateurs. Sur France 2, la démarche était plutôt "populaire chic", avec ces voix, ces synthés et même de l'accordéon », analyse François Dameron.
naissance d'une industrie
Mais au fait, comment réalisait-on un habillage il y a vingt ans ? « On produisait moins d'éléments qu'aujourd'hui et l'on y passait plus de temps », ironise Stéphen Harlé. François Dameron complète : « Il fallait lutter contre la technique, notamment contre le système SECAM qui faisait que certaines couleurs, particulièrement le rouge, avaient tendance à "se barrer". On passait des heures sur des mélangeurs ou sur des systèmes dédiés, type Harris ou Quantel. Les tournages se faisaient en pellicule : 16mm, Super16 voire 35mm. Si je fouille dans mes archives, je devrais même retrouver des bandes D1. 13 Tout cela a été balayé aujourd'hui... Conséquence directe : les budgets et délais de réalisation n'étaient pas les mêmes non plus. »
Pour Stéphen Harlé, « Cet habillage a admirablement servi l'enjeu d'alors. Gédéon a complètement réussi à faire oublier A2 et FR3. Remarquez tout de même les conséquences que peuvent avoir une décision politique sur l'identité d'une entreprise... La Loi dote A2 et FR3 d'un président commun : l'habillage vient illustrer, ancrer cette décision. Le système qui a été créé en 1992 a ceci d'excellent qu'il ne tombe à l'eau qu'en l'an 2000, lorsqu'une autre Loi chamboule la situation et fait passer La 5ème dans le giron de France Télévision... Qu'une création "initiée" par la législation dure aussi longtemps, c'est admirable. »
20 ans après, qu'est-ce qui fait encore aujourd'hui la force de cette identité ? Sans doute d'abord le choc lié à sa découverte. En un tour de main, les images de deux chaînes populaires ont été rénovées de fond en comble. Le 7 septembre 1992, plus un logo A2 ou FR3 n'est visible sur les antennes. Et avec l'habillage, ce sont une multitude de génériques qui ont été revus. Un effort particulier a aussi été fait sur la micro-programmation, c'est à dire sur le rythme de la grille entre deux émissions : les chaînes ont d'un jour à l'autre paru plus vivantes, avec une diffusion renforcée des jingles et autopromotions. Un changement d'une telle ampleur et sans aucune phase de transition resterait, encore aujourd'hui, une démarche très périlleuse tant dans sa réalisation que sur le plan stratégique.
On peut aussi avancer que la force de cet habillage réside dans une certaine idée du graphisme ; des idées simples mais efficaces, conjuguées pour porter une mission ambitieuse : celle du service public. L'identité de France Télévision créée en 1992 par Gédéon est sans doute le premier habillage industriel, au sens le plus noble du terme. Le propre du design n'est-il pas de proposer des produits esthétiques, mais qui doivent s'insérer dans une démarche productive ?
Notes et références
1. Citations tirées du préambule de la charte graphique de France Télévision, signé par Hervé Bourges.
2. France Télévision ne deviendra une entreprise au sens propre qu'avec l'adoption de la Loi Tasca en 2000.
3. Une interview similaire, diffusée le même jour sur France 3, est visible sur le site de l'INA.
4. François Dameron était alors chargé de superviser la création de l'habillage de France 3.
5. Stéphen Harlé travaillait à l'époque comme rédacteur au service communication de France 2.
6. Sophie Lapidus a quitté France 2 en 1997 pour fonder sa société de production.
7. Christian Bony a succédé à Sophie Lapidus à la DA de France 2 avant de participer à la création du département broadcast design de Dream On. Il est aujourd'hui Directeur créatif de la Division des Contenus d'Orange.
8. Les curieux pourront consulter la charte graphique de la communication gouvernementale, reproduite sur un site dépendant du conseil régional de Poitou-Charente. Notez qu'elle n'a été définie en tant que telle qu'en 1999.
9. Ces lignes sont inspirées du « Guide pratique de choix typographique » de David Rault (ed. Atelier Perrousseaux).
10. Olivier Bontemps a quitté Gédéon en 1997 pour fonder l'agence View avec Virginie Loiseau et Christophe Valdejo. Il dirige aujourd'hui l'agence Royalties, spécialisée dans le conseil stratégique et l'identité des marques.
11. Fabien Baron est un Directeur Artistique français. Il a notamment collaboré avec Vogue, GQ et Harper’s Bazar, mais aussi avec Jean-Paul Goude pour l'habillage de La Cinq. Sa société conseille des dizaines d’entreprises et de titres de presse liés
à la mode ou au luxe.
12. Citation tirée de France Télévisions, histoires d'habillages, mémoire de Julien Baldacchino. Christophe Valdejo a participé à la fondation et dirigé l'agence View de 1997 à 2012.
13. D1 était le premier support d'enregistrement vidéo numérique, créé par Sony et Philips-BTS. Très onéreux, il reposait sur une bande magnétique de largeur ¾ de pouce : une cassette pouvait ainsi être transportée... à l'aide d'une mallette !
Crédits :
France Télévision 1992 - Président : Hervé Bourges ; Directeur Général adjoint : Pascal Josèphe ; Direction Artistique : Sophie Lapidus assistée de Christian Bony (France 2), Alain Vautier (France 3)
Gédéon 1992 - Directeur associé : Gilles Galud ; Chargés de production : François Dameron, Christophe Jarreau, Virginie Loiseau ; Direction Artistique : Olivier Bontemps, Christophe Valdejo ; Musique : Jean-Jacques Hertz & François Roy, avec la participation de Didier Malherbe
BDDP 1992 : Jean-Claude Boulet, Jean-Marie Dru
Nos remerciements chaleureux pour leur accueil, leur disponibilité et leurs souvenirs :
France 2 : Stephen Harlé, Directeur Artistique et Dominique Michelangeli ;
France 3 : Laurent Sauvage, Directeur Artistique et Régis Montelle ;
Gédéon : François Dameron, Producteur associé et Bernard Bréchet, Directeur de Création ;
ainsi qu'à Olivier Bontemps, Sophie Lapidus et Christian Bony.
Julien Fournier et "GregTV" pour leurs archives.
Sans oublier Julien Baldacchino, dont nous vous invitons à lire le mémoire.
On y est : après des mois de travail et de feuilleton économico-administratif, le groupe Canal+ fait ce soir son entrée dans l'univers de la télévision gratuite. L'autorisation par l'Autorité de la concurrence puis par le CSA de racheter ses deux chaînes au groupe Bolloré est tombée il y a quelques semaines seulement : exit Direct 8 et Direct Star, bonjour D8 et D17.
Lenodal vous propose de découvrir en détails l'habillage de ces nouvelles chaînes.
une direction artistique externalisée
L'incursion de Canal+ dans le gratuit a été l'occasion d'une réorganisation interne. Le groupe comprend désormais deux pôles : un "historique" consacré à la télévision payante et dirigé par Raphaël de Andréis (recruté auprès de l'agence BETC) ; un second dédié à la télévision gratuite et dirigé par Ara Aprikian, qui était jusqu'à présent Directeur du pôle flux.
Selon nos informations, la Direction Artistique de Canal+ (avec à sa tête Olivier Schaack) n'a pas pris en charge le rebranding de D8 et D17. Il s'agit là de la répétition d'un schéma initié en 2011, lors du relookage d'iTélé. À l'époque, la Direction Artistique de la chaîne info avait été confiée à la société de production KM (Le Grand Journal...), qui avait elle-même sollicité l'agence Motionfanclub.
On retrouve aujourd'hui ce schéma sur D8 et D17 : toujours selon nos informations, c'est Flab prod (La Nouvelle édition, Canal Football Club...) qui a piloté la Direction Artistique des deux chaînes en vue de leur relancement par le groupe Canal+. À l'issue d'un appel d'offres international qui a mis en compétition des agences françaises, anglaises et américaines, ce sont les californiens de Troïka qui ont rebrandé les deux antennes.
l'habillage de D8 : positionner "la nouvelle grande chaîne"
Le slogan de D8 est connu depuis la délivrance par le CSA de l'autorisation de rachat et s'étale dans les grandes villes à longueur de panneaux publicitaires. Une campagne qui, selon Satellifax, aurait coûté 3,1 millions d'euros.
Pour installer cette "nouvelle grande chaîne", le choix de l'agence Troïka (qui a entre autres habillé ABC et Fox) ne semble pas anodin. Le recours à cette entreprise américaine implique une volonté d'un habillage puissant, soutenu par une haute qualité de rendu visuel.
Les premiers éléments d'habillage diffusés ce dimanche confirment cette hypothèse : le logo de D8, dans une 3D que l'on qualifiera de "massive", est de tous les idents et jingles pub. Son animation, au travers de différentes compositions et matières, est même le point central de l'identité visuelle. Une stratégie déjà adoptée en son temps par W9 par exemple, avec succès.
Côté typographie, c'est le Giorgio Sans qui a été retenu (fiche fonderie) ; un alphabet bâton qui n'est pas sans rappeler le Din. La typographie, dans l'habillage de D8, est utilisée de façon discrète et rationnelle. Il s'agit de ne surtout pas "voler la vedette" au logo et de délivrer les informations essentielles (rendez-vous, site Internet...) avec efficacité, sans fioriture.
L'autopromotion mise à l'antenne ce soir est transitoire : une autre version sera lancée d'ici quelques semaines. Si elle est de facture assez classique dans son écriture (intro, corps de bande, packshot), on remarquera cependant la présence en corps de bande et surtout en post-pack du logo de D8. Ce sera d'ailleurs l'occasion de découvrir une animation plus générique du logo, où le D et le 8 tournent sur eux-mêmes. La volonté est limpide : "signer", s'approprier chaque programme pour poser le statut de la chaîne : D8 se veut être la généraliste gratuite premium de la TNT.
l'habillage de D17 : jeune ne veut pas dire cheap
Le lancement de D17 a moins retenu l'attention des médias que celui de sa grande sœur, notament parce que la convention que lie la chaîne au CSA limite le remodelage que le groupe Canal+ pourra imprimer à l'antenne (75% de la programmation doit être musicale). D17 bénéficiera néanmoins de son lot de nouveautés, au premier rang desquels l'habillage qui vient signifier, sans doute davantage que la grille de la chaîne, qu'il y a bien eu un changement de propriétaire.
Comme auparavant entre Direct 8 et Direct Star, la relation entre D8 et D17 est appuyée par des logotypes semblables. Cependant, si le D de D8 est noir (la couleur du premium), celui de D17 se décline en un ensemble de 4 teintes acidulées : rouge "fraise tagada", magenta, vert fluo et cyan. Il s'agit d'installer un univers pop identifiable au public jeune, cible de la chaîne.
Les idents et jingles pub adoptent un ton résolument urbain. Il se composent d'une succession de photographies "lifestyle", qui ne sont pas sans rappeler les innombrables clichés que nous sommes habitués à voir défiler sur les smartphones et réseaux sociaux. Le premier habillage de l'ère Instagram, en quelque sorte. Invariablement, ces éléments se referment sur l'appartion, via une rotation 3D, du logo de la chaîne.
L'autopromotion joue de ces codes mais y ajoute une dimension davantage graphique, et plus précisément typographique. Cette dernière est animée, encartouchée, de sorte à apporter de la fluidité aux bandes-annonces et rappeler l'univers pop de la chaîne. À la découverte des premières autopromos, ce traitement nous semble apporter une valeur nouvelle à l'image de D17.
L'intégration de D8 et D17 au sein du groupe Canal+ ne fait que débuter. Ses conséquences techniques, financières et en matière de programmation conduiront inévitablement à des évolutions de ces deux identités visuelles. Selon nos informations, d'autres nouveautés devraient faire leur apparition dans les mois à venir.
Découvrez l'intégralité des habillages de D8 et D17 au travers de nos deux sélections :
Lundi 15 octobre, France 3 se dote d'un nouvel habillage pour ses bandes-annonces. Un changement forcément conséquent pour une chaîne qui doit gérer 25 antennes nationale et régionales. Au total, six mois de travail auront été nécessaires pour rénover, mais pas bousculer, les codes de la chaîne qui a inscrit la proximité dans son ADN.
Laurent Sauvage, Directeur Artistique, expose en avant-première pour lenodal les principes de cette évolution.
une autopromo "à la page"
C'est Dream On qui signe ce nouveau kit, à l'issue d'un appel d'offres qui a mis en compétition 2 agences françaises. C'est la première fois que Dream On intervient sur ce segment de l'identité de France 3, même si l'agence et la chaîne ont collaboré ensemble à de nombreuses reprises. Ce sera par ailleurs le premier habillage autopromotion de France 3 produit nativement en HD. S'il restera exploité majoritairement en SD, la HD présente un avantage pour les régions. « Il est fréquent que les antennes régionales soient amenées à communiquer à échelle locale, notamment au moyen de spots publicitaires au cinéma. Disposer d'un habillage HD permet de diffuser des éléments de bonne qualité sur ce médium. », explique Laurent Sauvage.
Les bandes-annonces conservent le principe de l'onglet, en place depuis 2009. Pour Laurent Sauvage, « Cet habillage n'est pas une révolution mais une évolution autour de nos objets forts. La métaphore de l'onglet, c'est que derrière chaque programme : il y a France 3. » Cette allégorie est cependant transformée et même amplifiée, pour s'apparenter à un tourné de pages. La strate de feuillets qui se déplie désormais à droite de l'écran peut être interprétée comme une métaphore de la richesse de la programmation de la chaîne.
« Un autre objet issu du précédent habillage est l'affiche, c'est à dire le principe d'un packshot fixe. J'y suis beaucoup attaché, indique Laurent Sauvage, car c'est un rappel de la culture "print". En tant qu'ancien concepteur-rédacteur qui a travaillé dans la publicité, bien sûr cela me parle. Mais il s'agit surtout d'un choix rationnel, car cela nous différencie des autres chaînes et confère beaucoup de puissance à nos packs. »
On pourrait citer un vieux slogan publicitaire en disant que les packshots des bandes-annonces de France 3, c'est un peu "le poids des mots, le choc des photos". Si l'utilisation d'images fixes en fin d’autopromotion n'est effectivement pas une coutume dans le PAF, ce choix renvoi le téléspectateur à une lecture plus photographique et sans doute plus attentive de l'image télévisée. Le but, clairement, est de l'interpeller, mais avec la retenue habituelle que s'impose le service public : question de valeurs.
Pour ce qui est des mots, cet habillage les met désormais davantage en valeur grâce à une mise en page réorganisée et surtout à l'aide d'une nouvelle police.
les typos font leur révolution
Fait notable de cet habillage, donc : comme France 4 et France 5 récemment, France 3 adopte une nouvelle typographie. Exit le HeldustryFT (ci-contre, en haut), qui était la typo corporate de France Télévisions depuis 2002 : place à l'Akkurat (ci-contre, en bas).
Dessiné en 2004 par le Hollandais Laurenz Brunner pour la fonderie Lineto, Akkurat est un caractère sans serif de la famille des grotesques. Il a notamment été utilisé par Prada, par Nike pour ses produits liés au basketball ou encore en couverture du livre d'Al Gore : Une vérité qui dérange. Son dessin épuré et sa lisibilité autorisent une grande variété d'emplois. Il se distingue d'HeldustryFT par une apparence moins technologique, que ce dernier tenait de son affiliation à l'Eurostyle d'Aldo Novarese.
La typographie est depuis trois ans au cœur de l'autopromotion de France 3. Cette formule ne change pas et se trouve même renforcée par l'allégorie des "pages" : les textes sont désormais inscrits la plupart du temps sur fonds neutres, bleus ou blancs. Les rendez-vous sont toujours indiqués en capitales, alors que les autres mentions figurent en bas de casse.
Laurent Sauvage raconte : « Cela faisait partie du brief que nous avons soumis aux agences : nous voulions adopter une nouvelle police, plus élancée et élégante. Akkurat répond à ces critères grâce à sa rondeur et à sa finesse. Il ne vous échappera pas néanmoins que l'on reste dans la même famille qu'Heldustry, qui demeure la typo du groupe et de notre habillage antenne. Le cousinage entre ces deux caractères leur permet de cohabiter sur France 3 sans que cela créé de gêne visuelle ou de trouble dans notre identité. »
Un choix particulièrement assumé par la Direction Artistique est d'apposer des mentions discrètes dans le corps des bandes-annonces. « Nous ne voulions pas d'une typo énorme ou d'un cartouche en plein milieu de l'image. D'abord parce que le packshot est là pour donner ces informations, mais aussi par respect pour les bandes-annonces elles-mêmes. On ne veut pas que l'œil du téléspectateur navigue constamment entre texte et image mais reste attentif au montage, aux images de nos programmes. », indique Laurent Sauvage.
À noter également : l'habillage dynamique bénéficie de cette cure de jouvence, en harmonie avec la charte de respect des œuvres récemment fixée par le CSA en accord avec les sociétés d'auteurs.
Cet habillage accompagne le lancement, également lundi 15 octobre, d'une nouvelle homepage pour le site france3.fr. Une page d'accueil qui reprendra en partie les codes créés pour l'autopromotion. De nouveaux renvois de l'antenne vers ce site ont en toute logique été réalisés.
Ces nouvelles promotions s'inscrivent aussi dans une démarche de communication plus globale de la part de la chaîne publique, comme on a pu le voir récemment au travers de la campagne réalisée par l'agence Australie (vidéos ci-dessous)... avec un positionnement inédit, où France 3 n'hésite pas à affirmer ses valeurs et tacler ses consœures dans un contexte de concurrence particulièrement accentuée.
Crédits
France 3 - Direction Artistique : Laurent Sauvage, assisté de Régis Montelle
Dream On - Directeur de création : Anthony Sebaoun - Direction Artistique : Ivan Grangeon - Production : Raphaëlle Collette
On le sentait venir depuis quelques semaines, c'est désormais confirmé : iTélé, la chaîne info du groupe Canal+, fait évoluer son habillage lundi 15 octobre. Un changement par petites touches, puisque anciens et nouveaux éléments cohabiteront à l'antenne. Ainsi, si les génériques des éditions et de quelques émissions resteront inchangés, la plupart des jingles de cases et des décors vont être revus à partir de ce lundi.
C'est l'agence parisienne WOOW your life qui a réalisé ces éléments. Yohannes Camps-Campins y a dirigé ce projet, qu'il présente pour lenodal.
2D et 3D en cohabitation
Cette évolution survient alors que le groupe Canal+ a installé, en mai dernier, une nouvelle direction à la tête de la chaîne. Ce duo, composé de Cécilia Ragueneau (Directrice générale) et de Céline Pigalle (Directrice de la rédaction), a pour ambition de redresser les audiences de la chaîne et de clarifier sa stratégie éditoriale, notamment vis-à-vis de sa cible CSP+.
À cette fin, la direction d'iTélé a décidé de faire évoluer l'habillage créé par l'agence Motionfanclub en avril 2011.
Pour Yohannes Camps-Campins, « il y avait des choses qui ne fonctionnaient plus à l'antenne. Je ne jette pas la pierre à Motionfanclub, qui avait fourni du bon travail. Mais modifier l'habillage d'une chaîne info est toujours compliqué... Par exemple, à l'époque, ils n'avaient pas été autorisés à intervenir fondamentalement sur le ticker, qui devait absolument rester noir. De mon point de vue, cet élément était massif et froid. La nouvelle direction de la chaîne a pris conscience de ce type d'écueils et est venu nous solliciter avec le souhait que l'habillage d'iTélé soit un peu moins dans l'esthétique, mais davantage aéré. Le brief était donc d'aboutir à une identité élégante et plus ouverte sur l'extérieure. »
Du fait de la cohabitation entre anciens et nouveaux visuels, les fondamentaux de l'habillage créé par Motionfanclub sont respectés. « On retrouve bien évidemment les triangles, la base du logo d'iTélé. Nous avons aussi conservé tout le système de "maillage", sauf que nous l'avons transposé en 2D. Nous restons également dans les mêmes teintes, même si certaines couleurs ont été ajustées. C'est le cas par exemple du jaune utilisé pour le ticker "Urgent". »
L'exemple ci-dessous montre effectivement que la trame de triangles en 2D est utilisée pour incruster des images vidéo, ce qui permet d'éloigner l'habillage d'une construction totalement infographique.
un gabarit redessiné
Au long des 3 mois de travail qu'aura nécessité cet habillage, c'est le ticker qui a concentré la majeure partie des recherches graphiques de l'agence. Il faut dire que cet élément est crucial pour une chaîne info, dont le temps de consommation est sensiblement inférieur à celui des autres chaînes. Le ticker est ainsi le premier élément regardé lorsqu'un téléspectateur zappe sur iTélé. Il est même fréquemment consommé indépendamment de l'antenne, par exemple en coupant le son du téléviseur.
« Je désirais que l'habillage d'iTélé fasse plus "16/9ème", "cinémascope", explique Yohannes Camps-Campins. L'idée était d'aérer l'image et de ne plus avoir de petits blocs ou synthés qui se baladent un peu partout. Nous avons donc conçu un ticker modulaire. Il y a un premier niveau, avec les infos en elles-mêmes. Il ne vous échappera pas qu'elles s'écrivent désormais sur 2 lignes, ce qui est beaucoup plus confortable pour la rédaction. De part et d'autre se greffent le logo de la chaîne, l'horloge, les cours de la bourse... Tout cela est amovible, s'active "à la demande". Le deuxième niveau est constitué des synthés, qui ont été conçus de sorte à ne pas trop empiéter sur l'image. »
NB. le logo iTélé présent en haut à gauche de certaines images n'est pas diffusé à l'antenne
une nouvelle typographie
Ces éléments s'appuient sur une nouvelle typographie : Aaux Pro (fiche linotype), dessinée en 2004 par l'américain Neil Summerour. Ce graphiste a créé sa propre fonderie, Positype, en 2002. Il est à ce jour l'auteur d'une quarantaine de familles de caractères, soit un peu plus de 400 déclinaisons. Aaux Pro a d'ailleurs fait l'objet d'une version avec sérif (Aaux Office) et a été redessinée par Summerour en 2009 (Aaux Next).
Pour Yohannes Camps-Campins, « Faire changer de typo, c'est un peu faire changer les habitudes. Je me réjouis que la direction d'iTélé ait suivi cette recommandation. Aaux Pro est un caractère lisible, contemporain, avec une personnalité sobre et stoïque. C'est le genre de typo qui ne cannibalise pas l'image ; elle est suffisamment neutre pour s'accorder à tous les sujets abordés sur iTélé. De plus, elle est subtilement dessinée et propose une grande variété de graisses. »
Un changement qui ne devrait pas choquer les téléspectateurs. On notera en effet l'évident cousinage entre Aaux Pro et le Din, qui reste, outre le Futura, un caractère emblématique du groupe Canal+.
Pour Yohannes Camps-Campins : « Nous venons de franchir une première étape. Nous espérons que la rédaction va bien intégrer notre démarche et s'approprier ce nouvel outil. Nous avons surtout bon espoir de pouvoir le faire évoluer. La diffusion d'iTélé, qui se fait en SD, a entraîné certains compromis techniques et graphiques. La perspective d'un prochain passage en HD devrait nous ouvrir de nouveaux horizons. »
Une bascule en Haute Définition qui pourrait s'opérer, selon nos informations, d'ici six à huit mois.
Retrouvez sur cette même page les premiers éléments diffusés à l'antenne, tout au long de la journée de lundi.
Crédits
WOOW your life - Directeur de création : Yohannes Camps-Campins
À l'heure où les séries télévisées connaissent un engouement indéniable de la part du public et de la critique, comment une chaîne thématique reconnue (elle a été fondée en 1993) peut-elle faire valoir sa programmation et sa position historique, tout en se réinventant ? C'est sans doute cette équation qui a mené Série Club à mettre à l'antenne une nouvelle identité visuelle, depuis le 9 octobre. Lenodal vous propose de décrypter cet habillage avec ses créateurs.
les images en vedettes
C'est Motionfanclub qui a été désigné par Série Club pour mener cette tâche à bien. Florent Duclos, Directeur artistique, explique la démarche de l'agence : « Nous sommes partis d'un état des lieux de la chaîne. Il nous a semblé que sa programmation n'était pas assez valorisée. Nous avons donc souhaité y remédier en mettant l'image au premier plan. Cela impliquait que le système graphique à créer n'empiète pas trop dessus. »
De cette contrainte initiale découle l'idée d'une ligne lumineuse qui, pour Florent Duclos, « vient rythmer les montages plutôt que prendre le pas sur les images. »
Cette ligne lumineuse a conduit l'agence à dissocier les mots Série et Club et donc à redessiner le logo. « On peut parler de petit lifting : la chaîne est attachée à sa marque, il n'était pas question de changement radical. Vous observerez que nous avons descendu la graisse de la partie Club pour créer davantage de contraste et faciliter la dissociation par la ligne lumineuse. Cela nous a aussi permis de jouer sur le mot Série et de l'utiliser comme marqueur des différents genres et des cases. » (cf. visuels ci-dessus)
L'autopromo reprend la typographie de base du logo, à savoir le Gotham (fiche fonderie). Ce caractère, dessiné en 2000 par Tobias Frere-Jones, suscite actuellement un engouement mondial des graphistes : on le retrouve dans la presse (il a été originellement dessiné pour le magazine GQ), dans de nombreuses identités et campagnes publicitaires, mais aussi dans des contextes plus institutionnels, comme le mémorial national du 11 Septembre. Un juste retour des choses, puisque Frere-Jones s'est inspiré d'enseignes new-yorkaises des années 50 pour dessiner un caractère géométrique et intemporel. Cette sensibilité éminemment américaine semble toute indiquée pour une chaîne qui diffuse de nombreuses fictions produites outre-Atlantique.
L'habillage joue des différentes graisses disponibles et de l'alternance entre haut et bas de casse. On remarquera en outre le ferrage de l'ensemble des textes sur la ligne lumineuse, ainsi que leurs couleurs, volontairement éteintes.
Les idents suivent complètement la logique de mise en avant de l'image. En effet, ils sont basés sur de courts extraits des séries diffusées par la chaîne. « Nous utilisons un plug-in spécifique pour créer des ralentis forts. L'idée est de faire de ces scènes des objets esthétiques et donc de promouvoir la grille de Série Club », explique Florent Duclos.
les codes du genre
Les jingles pub font partie des rares éléments purement graphiques de cet habillage. En effet, ils ont été modélisés en 3D. « Nous créons des univers visuels qui jouent sur les codes des différentes séries proposées par la chaîne : policière, judiciaire, médicale... » Là encore, l'influence américaine se fait ressentir.
Toutes ces créations sont soutenues par une bande sonore évanescente, composée par Grégory Tanélian.
Crédits
Agence : Motionfanclub
Musique : Grégory Tanélian
À l'occasion de son 40ème anniversaire, France 3 lance ce vendredi soir une opération qui va sans doute raviver bon nombre de souvenirs auprès de ses téléspectateurs.
En effet, la chaîne se rhabille jusqu'au 13 janvier avec des idents et jingles pub conçus pour la Direction artistique par l'agence Demoiselles. Ces éléments revisitent, en 5 secondes chrono, l'ensemble des logotypes arborés par la chaîne. Lenodal vous propose de les découvrir en avant-première :
L'agence a également produit pour France 3 des programmes courts (45 secondes env.) à base d'archives de l'INA, sur des thématiques décalées comme "40 ans qu'elle n'a pas froid aux yeux" ou encore "40 ans qu'on a les yeux plus gros que le ventre".
L'antenne accueillera en parallèle des clips événementiels produits par NMC Production :
Crédits :
France 3 - Direction artistique : Laurent Sauvage, assisté de Régis Montelle et de Valérie Keck Douard
Idents, jingles pub, programmes courts : agence Demoiselles
Clips : NMC Production
Comme chaque année, le Club des Directeurs Artistiques réunit des professionnels de l'image, qui récompensent les meilleurs travaux publicitaires et d'autopromotion de l'année écoulée. La compétition intègre également l'habillage télé et ses différentes composantes : identité globale, bandes-annonces, génériques de case, d'émission, idents, jingles pub, habillage sonore...
Le jury de la 44ème édition pour la catégorie "Habillage télé" est présidé cette année par Pierre Lescure. Il nous livre à cette occasion un mot sur la genèse du logo de Canal+ :
« En 1984, la réflexion sur le logo de CANAL+ est partie d'un œil : celui de CBS. Cet oeil stylisé, ce dessin parfait est né en 1951.
Son créateur, Lou Dorfsman, venait peu ou prou de poser la première pierre de l'habillage télévisuel. Le nouveau champ des marques, des logos, allait connaître un essor exceptionnel avec le développement de la télé. Avec le net, aujourd'hui, on est entré dans l'infiniment multiple. Mais en 84, l'œil de CBS signifiait pour nous la simplicité, l'esthétique, la solidité qui permettent tous les voyages sans perdre ses bases.
Du coup, j'ai dû pondre ma première et unique "note de service", au cas où chaque réalisateur voudrait tripoter ce logo tout neuf. Je vous la livre telle quelle :
"Je conçois qu'il puisse être difficile à tel collaborateur ou tel prestataire de faire taire ou de freiner sa propre vision de la vie du logo CANAL +, mais il est partie constituante et donc essentielle de notre image et s'il est important de pouvoir jouer avec, ce ne peut être que selon nos règles."
Le logo de CANAL, épuré au fil des ans, fait partie consubstantielle de la chaîne. Il porte 28 ans d'histoire et aussi les émissions lancées ce soir ou après demain.
C'est encore pourtant, comme pour toutes les chaînes dignes de ce nom, le mariage de la naissance forte et de la vie la plus exubérante.
Tout l'enjeu est là. Créer un signe vivant, fort de son orgueil. Thierry Ardisson parle avec raison, pour une marque, un logo, de "dictature graphique".
Gilles Simon-Berger a même écrit en 1977 : "La marque ne peut être une chose démocratique."
Dès lors que l'on respecte ce principe, la création, forte de cet ancrage est libre. Absolument libre.
Pierre Lescure »
Pour participer à la compétition, les professionnels peuvent envoyer leurs travaux jusqu'au 15 janvier sur le site du club.
Le PromaxBDA est un événement majeur pour les professionnels du marketing et de l'habillage TV. Chaque année, il réunit ainsi bon nombre d'agences, diffuseurs, producteurs et directeurs artistiques lors de conférences, de "speed datings" professionnels et de l'incontournable cérémonie de remise des "Promax BDA Awards".
Après Barcelone en 2012, l'édition européenne du Promax se tiendra à Paris, les 11 et 12 mars prochains. Cette année, les organisateurs ont choisi le thème de la Renaissance, faisant écho aux transformations portées par les nouveaux médias (social TV, applications, multi-écrans...).
Comment communiquer efficacement sur toutes ces plate-formes ? Mais aussi : comment utiliser au mieux la typographie dans ses bandes-annonces ? Quel est l'état du design français ? Comment produire un élément créatif lorsque l'on a ni temps ni budget ? Autant de problématiques qui seront abordées lors de la vingtaine de conférences et tables rondes.
lenodal sera présent à cet événement : nous vous proposerons des articles et interviews sur les thèmes clés abordés cette année. Soyez au rendez-vous !
Depuis le 2 janvier dernier, ce n'est plus Screenvision mais Canal+ Régie qui assure la commercialisation des écrans publicitaires des salles du réseau UGC. Une victoire importante pour la "régie des CSP+", qui voit là un nouvel espace de développement après l'arrivée dans le monde de la télévision gratuite (iTélé, D8, D17).
Ce contrat pluriannuel appelait la mise en place d'un moving logo, réalisé par la Direction Artistique du groupe Canal+. Olivier Schaack, Directeur Artistique, et Olivier Degrave, qui a conçu ce générique, reviennent pour lenodal sur le dispositif qu'ils ont créé pour l'occasion.
valoriser le partenariat
« L'idée de base était de souligner autant que possible cette union entre Canal+ Régie et UGC, explique Olivier Schaack. Jouer sur leurs logos était sans doute la façon la plus naturelle de la faire. »
Olivier Degrave complète : « Les deux logotypes, s'ils semblent très différents, ont en fait des points communs dans leur construction. Nous les avons positionnés et dimensionnés de sorte à ce que leurs tracés régulateurs s'accordent. Ainsi, le soulignage d'UGC est aligné sur le cartouche de Canal+. On retrouve aussi les cercles de construction des trois lettres U, G et C dans le G de "régie". Enfin, les deux logos ont une dominante bleue. »
créer une "œuvre"
Ce principe acquis, la Direction Artistique a souhaité rester fidèle aux fondamentaux de l'identité visuelle de Canal+ : le jeu sur la matière et sur la lumière.
Pour O. Degrave, « Outre la lumière, une des cultures historiques dans l'habillage de Canal+ est celle de la précision. Et quand on pense "lumière" et "précision", on arrive assez logiquement à l'idée d'utiliser le laser. Nous avons donc contacté un spécialiste du contrôle de ce type de faisceaux. Le "contrôle" était vraiment le maître mot. Nous ne voulions pas d'un moving logo qui fasse penser à l'éclairage d'un concert de musique pop ou électro.
Parallèlement, nous avons fait fabriquer les deux logos sur des plaques de plexiglas. Elles sont dépolies sur les bords, ce qui permet de propager facilement la lumière, même si l'on n'éclaire qu'une petite surface. »
La Direction Artistique et les prestataires sollicités se sont installés, trois jours durant, dans un studio de la toute-neuve Cité du Cinéma, initiée par Luc Besson. Un cadre qui a permis non seulement d'installer le dispositif lui-même (les deux plaques de plexiglas forment un ensemble de plus de 11 mètres de long) mais aussi de réaliser des plans inenvisageables dans un studio de télévision. En effet, rares sont les studios offrant une hauteur sous gril de 14 mètres.
« Le fil conducteur de notre démarche est l'envie de créer une œuvre. Nous employons ce mot non pas au sens où l'on aurait la prétention de faire de l'Art, même si on cherche bien entendu à réaliser un produit esthétique, mais au sens où nous pensons qu'il y a des choses que l'on ne peut reproduire en infographie. La subtilité de la lumière, de son contact avec la matière, le grain d'une image... Tout cela mérite que l'on prenne le temps de fabriquer quelque chose qui n'existe pas que dans un ordinateur », expliquent Schaack et Degrave.
Reste que produire des éléments en live action apporte son lot de contraintes... « Nous avons utilisé 2 sources laser, ce qui ne permet de générer qu'un petit nombre de faisceaux. Il faut donc les faire "rebondir" régulièrement sur des miroirs pour arriver à une construction complexe comme un tracé régulateur, explique Olivier Degrave. Nous avons passé beaucoup de temps à aligner ces faisceaux sur nos plaques de plexi. Seulement, pour voir la lumière à l'image, il faut diffuser de la fumée. La fumée salit le plexiglas ; vous devez donc le nettoyer régulièrement... Bien entendu, lorsque vous le nettoyez, vous le déplacez et vous devez tout réaligner. On fait aussi des petites découvertes... Le laser, cette lumière la plus "pure" et précise qui soit, réagit à la température ambiante. Selon que vous tournez le matin dans un studio froid ou en fin de journée, avec des appareils qui ont chauffé pendant des heures, vous n'obtenez pas le même faisceau. C'était sans fin. Nous avons heureusement pu tourner au fur et à mesure, à défaut de tout shooter le 3ème jour comme nous l'avions envisagé. »
montage des éléments
La Direction Artistique a ainsi quitté la Cité du Cinéma avec 600 gigaoctets de rushes sous les bras, dont certains ont été tournés dans d'autres couleurs que le bleu (illustration ci-dessus).
Olivier Degrave : « Nous avons multiplié les angles de vues, ce qui permet de disposer d'une importante base de travail pour des partenariats futurs. Cela nous a aussi permis de jouer sur le montage final des éléments. Nous avons fait le choix, en générique début, de rester frontal et de ne pas trop dévoiler le dispositif lui-même. Les spectateurs sont en train de s'installer dans la salle de cinéma : on veut les accompagner. On est donc dans une certaine emphase et une certaine magie, que renforce la bande-son de Norbert Gilbert. Par la suite, on montre un peu plus les ficelles et l'on est plus dynamique dans le montage : fin de la pub, le film va commencer. »
Crédits :
Canal+ - Direction Artistique : Olivier Schaack, avec Olivier Degrave - Production : Fanny Bosc
Réalisation : Emmanuel Baume - Chef opérateur : Thomas Robin - Lumières : Denis Pillod
Régisseur : Marcus Pradines - Musique : Norbert Gilbert
Jean-Paul Goude : un nom dont l'évocation suffit à réveiller chez chacun de nous nombre de souvenirs, à convoquer pléthore d'images. Ce n'est que justice tant ses réalisations ont marqué le public. L'homme a transformé les Champs-Élysées en une gigantesque scène de théâtre pour les commémorations du bicentenaire de la révolution française, a frappé les esprits au travers de sa collaboration avec la chanteuse Grace Jones ou avec ses campagnes de pub, devenues mythiques, pour Kodak, Lee Cooper, Perrier, Chanel... On le sait moins (ou plutôt, on l'a un peu oublié) : Goude a aussi été à l'origine d'un habillage mythique, celui de La Cinq (première chaîne commerciale gratuite) en 1991.
Plus de vingt ans après la disparition de cette chaîne et en marge de la rétrospective que lui a consacré le Musée des Arts Décoratifs, Jean-Paul Goude a accepté d'évoquer pour lenodal ce que fut « sa » Cinq et de la mettre en perspective avec le reste de son œuvre.
un personnage haut en couleurs
On pourrait dire malicieusement qu'interviewer Jean-Paul Goude relève d'abord de l'exercice physique. L'artiste nous reçoit dans son studio parisien, à flanc des Buttes-Chaumont. La rencontre et la vue imprenable sur la capitale se méritent : longues ascensions des rues bellevilloises puis d'un escalier en colimaçon... On arrive un brin essoufflé, mais la décontraction et la bonne humeur de M. Goude sont communicatives. L'esprit ne sera cependant pas en reste. Une heure durant, il va enchaîner anecdotes, digressions et croquis pour nous faire partager sa vision. On ne parlera pas que de La Cinq : il ne cessera de citer d'autres réalisations, de tisser des liens entre ce travail de commande et le reste de son œuvre. Il en ressort un portrait d'un enthousiaste qui, à 72 ans, « commence à comprendre quel homme et quel artiste [il est] ». On le quittera avec l'agréable conviction d'avoir un peu mieux compris son univers.
Jean-Paul Goude dans son atelier (photo lenodal)
Remettons les choses dans leur contexte... La Cinq fut lancée le 20 février 1986. Elle passe alors successivement entre les mains de Silvio Berlusconi (qui ne s'était pas encore lancé en politique) et de Jérôme Seydoux, puis du magnat de la presse Robert Hersant (Le Figaro) en 1987, avant d'être vendue à Jean-Luc Lagardère 4 ans plus tard. Accablée par ses dettes, par le dumping publicitaire de TF1 fraîchement privatisée puis par l'abandon de la classe politique, la chaîne est contrainte de déposer le bilan et cesse d'émettre le 12 avril 1992.
Au-delà de l'histoire médiatique, économique et même politique 1, au-delà de l'aventure humaine que vécurent ses salariés, le ton nouveau et les programmes populaires (« populistes », diront certains) de La Cinq ont laissé une trace forte dans les souvenirs des spectateurs de l'époque.
Quelques éléments d'habillage de La Cinq, de 1986 à 1991.
Côté habillage, l'histoire de La Cinq est tout aussi rock n'roll. La communication de la chaîne s'est longtemps faite sur un ton démonstratif, usant (et abusant...) des prémices des images générées par ordinateur, de la 3D (cf. vidéos ci-dessus). Un syndrome de l'époque... Puis, le 2 avril 1991, un choc visuel. Le nouvel opérateur Jean-Luc Lagardère doit imprimer sa marque. Il confie le chantier à Goude. Logotype, jingles, bandes-annonces : tout est revu, dans un style très graphique, presque minimaliste.
un artiste dans le poste
Comment Jean-Paul Goude en est-il venu à l'habillage ? : « Un peu par hasard, confie-t-il. Je suis illustrateur, pas designer. Mais j’étais auréolé du succès du défilé du bicentenaire. On m’a alors beaucoup sollicité. Pour la pub, mais aussi pour des travaux comme un relookage du journal Libération. Serge July souhaitait que je fasse la direction artistique du numéro spécial de leur 30ème anniversaire. Bien sûr j’étais flatté. Surtout, cette aventure dans le design m’intéressait et m’inspirait, j’ai donc dit OK. »
« J'ai fait la connaissance des dirigeants de la Cinq à cette période. J’ai été très peu briefé. Pascal Josèphe (directeur des programmes, NDLR) parlait beaucoup de sa grille... Qui, il faut bien le dire, me rendait perplexe. Mais pour ce qui est du graphisme, pas vraiment de direction. Comme j’étais "à la mode", j’étais censé apporter 'la' solution à leurs problèmes. J'aurais pu me planter car, mal briefé, je suis parti dans une direction trop ambitieuse.
J'avais imaginé de relooker les coursiers, les voitures... Je voulais les envelopper d'un immense "5", dans le style des publicités vues dans mon enfance, comme pour l'apéritif St-Raphaël. J'en ai parlé à Guillaume Durand, que j'ai croisé dans un couloir et qui m'a heureusement un peu mieux guidé. En l’occurrence, il n'y avait ni coursiers ni voitures à La Cinq ! Je perdais mon temps et ai dès lors compris qu'il fallait me focaliser sur l'antenne. »
« Jean-Luc Lagardère procédait différemment. Je n'ai dû le rencontrer qu'une fois, pour faire différentes propositions. Je lui avais notamment montré le dessin d'un "5", qui n'était pas le logo définitif. Il m'a alors parlé comme, j'imagine, un patron d'usine parlerait à un artisan ou à un ouvrier sur la chaîne d'assemblage. "Tu vois coco, ton 5, il est un peu faible là... Ça va casser." Il me le décrivait comme s'il parlait d'une courroie de transmission, c'était assez sympathique. Je garde un bon souvenir de cette rencontre. »
conception de l'habillage
Jean-Paul Goude : « Mon histoire avec La Cinq est évidemment un travail d’équipe, dont je suis le maître d'œuvre. Il est indissociable de mon admiration pour Fabien Baron. »
Ce Directeur Artistique français a notamment collaboré avec Vogue, GQ et Harper’s Bazar. Sa société conseille des dizaines d’entreprises et de titres de presse liés à la mode ou au luxe.
« On s’est rencontrés avec le projet autour de Libération, raconte Jean-Paul Goude. Certes j’avais travaillé pour des magazines comme Esquire, mais je n’étais pas metteur en pages. Je suis donc allé chercher le meilleur ! Arrive alors la proposition de La Cinq. J’en ai parlé à Fabien, qui m’a montré des animations qu’il réalisait sur son ordinateur. C’était un univers totalement étranger au mien. Ça m’a beaucoup intéressé et je me suis naturellement demandé comment on pourrait adapter ces techniques pour l’identité de la chaîne. L’idée murit, me conduit à la possibilité de jouer avec les chiffres 1, 2, 3, 4, 5... Je suis retourné voir Fabien et lui ai demandé de réaliser un prototype d’animation avec des chiffres. Je suis rentré avec à Paris et ai pu commencer le travail d’animation générale, de montage, de colorimétrie, de mise en musique... pour arriver à l’allégorie que l’on sait. »
La collaboration de Jean-Paul Goude avec La Cinq s'inscrit comme un exemple de regards croisés entre Arts plastiques et identités télévisuelles. 2 Par ailleurs, bien que Goude ne soit pas affilié au pop art (préférant développer une démarche plus personnelle 3), l’habillage de La Cinq est marqué par l’influence des maîtres de ce mouvement artistique.
Impossible d’évoquer l’habillage de La Cinq sans mentionner la Bodoni. Dessinée au XVIIIème siècle par l’imprimeur du même nom, elle se caractérise par la radicalité de ses caractères : les pleins sont épais, les déliés très fins. D’abord considérée comme une typographie « autoritaire », utilisée par l’administration révolutionnaire puis impériale pour ses décrets, elle acquerra au XIXème siècle une dimension plus romantique et intellectuelle, due à son emploi dans les ouvrages des auteurs de l’époque (notamment Victor Hugo ou Charles Beaudelaire). La presse féminine s’en empare dans les années 1950, lui ajoutant une dimension luxueuse et élégante. 4
La question du « pourquoi » de son emploi en décontenancerait presque Jean-Paul Goude. « Elle fait partie de mon inconscient. C’est le caractère de Vogue, d’Harper’s Bazar, ces magazines réellement élégants. C’est un hommage à Alexey Brodovitch (Directeur Artistique d’Harper’s Bazar de 1938 à 1958, NDLR). Elle est belle en soi et très évocatrice, si bien que je l’utilise dès que j’en ai l’occasion. »
À gauche et au centre : logotype de La Cinq.
À droite : caractère 5 issu de la Bodoni.
À noter que le dessin final du « 5 », exécuté par Fabien Baron, diffère légèrement de la typographie originale, notamment par l'atténuation de la différence entre maigres et gras et par des arrondis plus prononcés (cf. ci-dessus).
On notera également l'emploi du Franklin Gothic pour l'identification des différentes cases (cinéma, sport, jeunesse...). Dessiné entre 1903 et 1912 par Morris Fuller Benton, c'est le caractère « américain » par excellence. On l'a vu régulièrement à la Une de grands magazines comme Time ou Cosmopolitan mais aussi pour promouvoir des films aussi variés que Star Wars ou Rocky. Cette typo a également été intimement liée à l'identité du groupe France Télévision, qui l'a utilisé pour ses habillages de 1992 à 2002.
Bien qu'elles soient invariablement utilisées en capitales, l'emploi simultané de deux polices (l'une avec sérif, l'autre sans) permet de créer un contraste et une dynamique dans la composition. Ces vertus sont appuyées par la palette colorimétrique et le montage des éléments.
le choix des couleurs
Deux réalisations de Jean-Paul Goude pour un même univers colorimétrique.
À gauche : identifiant de case jeunesse de La Cinq (1991).
À droite : campagne publicitaire pour le parfum "n°5" de Chanel (2000).La palette de La Cinq en 1991 est riche d'une vingtaine de teintes. Plusieurs d'entre elles correspondent à une case et donc à une thématique de programmes précise.
« Ce sont des couleurs vives, franches. Elles permettent de créer des contrastes agréables à l'œil. J'ai par exemple un amour immodéré pour le vert véronèse. »
Jean-Paul Goude est resté fidèle à ces couleurs, les réutilisant pour d'autres travaux (ex. ci-contre).
de l’image et du rythme
L’habillage créé par Jean-Paul Goude frappe encore aujourd’hui par sa science du montage et de la composition de l’écran comme « matière plastique ». Le défilement ininterrompu des chiffres et l’arrondi du logo « 5 » introduisent une dimension circulaire dans un univers visuel marqué par la linéarité de la typographie Franklin Gothic et du gabarit antenne. Par ailleurs, ce dernier découpe l’espace en une série de compartiments dont l’effet est la reproduction ad lib des « 5 », comme un ultime clin d’œil au pop art.
Storyboard du générique de case "cinéma"
Sur les identifiants de cases antenne, on passe en quelques secondes de 36 à 16, puis 4 compartiments, avant que l’espace-écran ne recouvre son intégrité (et le logo sa pleine échelle). Cette succession opérée cut, en rythme avec la bande son, contraste avec la régularité obsédante avec laquelle défilent les chiffres de 0 à 9. L’effet découle de l’emploi discret mais efficace, dans l'animation des chiffes, du volet linéaire. Ce procédé de transition ouvre et ferme par ailleurs chaque élément d’habillage. C'est un détail innovant pour l'époque, qui amène une réelle fluidité entre les éléments.
« Cela doit venir du fait que je ne vois pas l’intérêt d’attendre. Même sur mes bandes démo personnelles, je ne laisse jamais d’espace entre deux films. Pourquoi laisser 4 ou 5 secondes de noir ? Je préfère monter bout-à-bout, c’est plus dynamique.
Une réalisation sympathique dans ce genre et que l'on a réussi à mener à terme était le rhabillage du journal, présenté par Durand. Après le générique, il apparaissait à contre-jour, devant un texte défilant. Puis la lumière s'allumait sur lui, le fond s'éteignait et il pouvait saluer les téléspectateurs. »
Ouverture du Journal de 20 heures de La Cinq en 1991.
hommage à un maestro
Le gabarit et l'animation ne sont pas seuls constituants du dynamisme de cet habillage : la bande son y joue aussi un rôle essentiel. À l'opposé des nappes synthétiques ou des orchestrations grandiloquentes des précédentes identités 5, les musiques utilisées par Jean-Paul Goude se caractérisent par la prédominance du rythme. Les percussions y sont nettement marquées, sur les temps forts comme sur les temps faibles.
« On ne peut en parler sans rendre hommage au musicien de talent qu'était Michel Hardy. Il a été mon collaborateur depuis mon premier film publicitaire, Lee Cooper, en 1982. Il est hélas décédé brutalement il y a quelques années. Michel était une personnalité très attachante, c'était un réel plaisir d'aller travailler dans son studio, à Marnes-la-Coquette. J'allais régulièrement le voir avec une idée ou en lui présentant une musique que je venais d'entendre et qui me plaisait. Dès lors, nous pouvions passer des heures devant son ordinateur à nous rapprocher de cette idée, jusqu'à obtenir un rendu qui nous satisfasse.
Nous avions par exemple créé une version extravagante du Lac des Cygnes de Tchaïkovski, à New-York, pour l'ouverture de la nouvelle boutique Hermès. C'était une "bloc party" chic avec des danseuses russes, des costumes, des boites Hermès géantes... Je pouvais arriver avec une proposition aussi saugrenue que "j'adore le son du cor du chasse, mais il faudrait que ça swingue" et Michel parvenait à l'intégrer, ce qui me stimulait et m'amenait à trouver de nouvelles idées. »
Cette démarche a aussi présidé à la création de l'identité sonore de la Cinq : « Nous n'avions pas la prétention de composer un thème original. Nous nous sommes portés sur des mélodies enfantines ou sur des artistes qui étaient à la mode dans le hip-hop, et nous les avons réarrangés et remixés pour en faire des "musiquettes". Il y avait Snap, par exemple, un groupe que j'aimais particulièrement. »
On pourrait aussi citer Mc Hammer (jingle 'Divertissement') ou des groupes à la pointe de l'électro naissante, comme M|A|R|R|S 6 (jingle pub) ou Front242 (génériques info)... Même Madonna 7 eut le privilège de passer à la moulinette de Michel Hardy. Il en sort une couleur musicale inédite pour l'époque et des éléments facilement bouclables, ce qui est conforme à l'esprit d'ininterruption cher à Goude.
« Le plus intéressant, musicalement, c'est souvent de créer un déséquilibre. Vous pouvez isoler 3 notes d'un morceau et les boucler : vous allez obtenir un rythme syncopé, qui marque. Je procède comme cela : je ne commande pas des "grandes compositions", comme au cinéma, mais "bricole" et cherche comment mettre une image en sons.
Je suis avant tout un dessinateur qui aime danser... et qui a donc besoin de musique. »
un habillage qui fait date
À la fin de cet entretien, nous n'avons pu qu'être frappés par la cohérence entre la démarche d'un homme, ses œuvres et ses travaux de commande. L'univers de Jean-Paul Goude est à la fois homogène et foisonnant.
Surtout, les choix qu'il a opéré en 1991 incitent à nous interroger sur la pertinence des solutions mises en place pour promouvoir la télévision. Goude, comme d'autres créateurs, nous rappelle ainsi que simplicité n'est pas synonyme d'inefficacité ; qu'une bonne typo et quelques couleurs savamment sélectionnées peuvent apporter un peu de cachet à cet objet des plus quotidiens ; que le rythme, la gestion du temps (une des questions les plus spécifiques à ce medium), mérite d'être traité avec égard.
L'artiste a beau affirmer qu'il « [n'a] pas un esprit de designer » car il « [a] besoin de raconter des histoires », son travail pour La Cinq participe d'un mouvement qui, du milieu des années 80 au début des années 90, a constitué l'habillage télé en France comme discipline graphique à part entière. Les plus sceptiques concéderont sans doute qu'il a su saisir l'air du temps... Les plus enthousiastes, dont nous sommes, affirment que cette identité mérite de figurer dans les riches heures du design télévisuel.
J. Magne, J. Frarier
Notes et références :
1. Lire notamment à ce sujet TF1, un pouvoir de Pierre Péan et Chistophe Nick (éd. Fayard, 1997).
2. Par exemple, Laurent Sauvage (Directeur Artistique de France 3) citait récemment David Hockney pour nous présenter le nouvel habillage de sa chaîne.
3. Lire à ce sujet une autre interview de Jean-Paul Goude, accordée à la blogueuse Adeline Wessang.
4. Ce passage est inspiré de l'excellent Guide pratique de choix typographique de David Ruault (éd. Atelier Perrousseaux, 2009).
5. On se souvient par exemple du générique du journal télévisé, qui empruntait à Richard Stauss le thème principal d'Ainsi parlait Zarathoustra.
6. On pourrait sans doute pousser encore la recherche musicographique, puisque la fiche Wikipédia de Pump up the volume référence une trentaine de samples utilisés par M|A|R|R|S...
7. Pour l'anecdote, on pouvait entendre quelques murmures issus de Justify my love dans le jingle précédant la diffusion des téléfilms érotiques de La Cinq.
Crédits :
La Cinq 1991 - opérateur : Hachette (Jean-Luc Lagardère) ; Président-Directeur général : Yves Sabouret ; Vice-Président-Directeur général : Silvio Berlusconi ; Directeur général : Yves de Chaisemartin ; Directeur des programmes : Pascal Josèphe.
Habillage : Jean-Paul Goude, avec Fabien Baron (collaboration artistique) et Michel Hardy (musique).
Production : La PAC 1991 - Président, fondateur : Thierry de Ganay.
Remerciements :
Jean-Paul Goude, pour sa disponibilité et son accueil chaleureux, Virginie Laguens et Grâce Salemme ;
Fabien Mahieu, pour ses archives.
Premier article de notre série consacrée à l'édition 2013 du PromaxBDA Europe. La conférence a été inaugurée par David Shing, Digital Prophet d'AOL. Une intervention enthousiaste et inspirante, qui a dresse un état des lieux des tendances liées aux nouveaux usages.
lenodal : Lors de votre conférence, vous avez insisté sur le fait que les marques ne doivent plus seulement proposer du contenu au public mais établir un dialogue avec lui. Selon vous, où en est la TV dans ce domaine ?
D. Shing : La TV est en retard sur ce sujet, particulièrement en Europe. Le public devrait avoir plus que l'expérience d'un programme sur l'écran du salon. Les chaînes commencent à intégrer les réseaux sociaux en affichant à l'écran les hashtags de leurs programmes à l'antenne, mais ce n'est qu'une première étape. Le public veut vivre l'expérience télévisuelle de façon plus immersive, en obtenant des contenus annexes sur le programme qu'il regarde. Par exemple, si je regarde une série, je veux pouvoir en savoir plus sur les personnages ou sur les acteurs qui les incarnent.
Et cela passe par un terminal nomade...
Exactement. Comme je l'ai dit lors de la conférence, il faut cesser de parler du mobile comme d'un second écran. Le mobile EST le premier écran, vous l'emmenez partout. Je ne crois pas à la télé interactive comme "couche supplémentaire" sur l'écran de TV traditionnel. Cela passera par l'ensemble des périphériques que nous possédons. Tous ces médias doivent collaborer dans un écosystème où des métadonnées viennent rencontrer le public, selon ses intérêts.
Dans ce cadre, comment voyez-vous l'évolution la télévision comme mass media ?
La télévision restera un médium de masse, car elle s'adresse à une large audience. Mais elle doit aussi intégrer des pratiques issues du web, où l'on est capable de s'adresser à un individu en particulier. On est entré dans une nouvelle ère du marketing, où les entreprises peuvent communiquer de façon plus ciblée et plus connectée. Une marque comme Oreo l'a bien compris avec sa gestion du blackout durant le Superbowl.
Quelles perspectives peut-on en tirer ?
Dans le monde connecté, l'expression personnelle est devenu une source de divertissement pour les gens. Ils ne se contentent plus de publier des commentaires : ils prennent des photos, se filment... Et ils relaient des contenus qui leur plaisent. Pour les marques, attirer leur attention implique d'être brillant, drôle et de créer du dialogue. Par ailleurs, l'internaute est à la recherche perpétuelle d'un traitement de faveur : il veut se sentir VIP. Et il se sent comme tel lorsqu'il a l'impression que la marque s'adresse directement à lui en tant qu'individu.
Selon vous, quelles conséquences ces évolutions vont-elles avoir sur le design TV ?
L'écran TV a un énorme avantage : sa résolution. On a des dalles d'un mètre de diagonale avec une restitution magnifique. J'ai assisté récemment à une démonstration de projection en 8K (soit une image de 7680 pixels de largeur, NDLR), c'est juste époustouflant. La qualité des images sur l'écran de TV est en progression constante, et en même temps les marques doivent gérer les contraintes des périphériques mobiles. D'une manière générale, il me semble qu'elles doivent devenir plus fluides dans leur gestion du multi-écrans. Les flux d'informations, leur relation au contenu, doivent être plus dynamiques. Le design TV pourrait devenir "responsive", comme il l'est déjà sur le web.
Cela implique-t-il plus de simplicité dans l'habillage TV ?
Pas forcément. La simplicité est la marque de fabrique des périphériques nomades, du fait de la taille de leur écran. La taille de l'écran TV autorise des créations complexes... Mais il me semble que la simplicité doit remonter du mobile vers la TV non pas en terme de graphisme mais en terme d'intuitivité et d'expérience utilisateur. Pouvoir afficher les informations qui vous intéressent, qui vous concernent ou qui vous divertissent, c'est ça la TV interactive. Bientôt nous pourrons jouer avec nos écrans comme Tom Cruise dans Minority Report, les prototypes existent. Cela pourrait révolutionner les news TV, où ces nouvelles techniques seront sans doute utilisées de la façon la plus pertinente.